En 1844, à l’Odéon, Antigone est la première tragédie grecque représentée sur scène, traduite et non réécrite. Gérard de Nerval s’enthousiasme, en y voyant « l’éternelle lutte du devoir moral contre la loi humaine, de la conscience ou de la passion contre l’obéissance due aux princes et aux parents ». C’est encore aujourd’hui Antigone qui inspire le plus de réécritures, théâtrales ou autres (voir l’ouvrage de Georges Steiner, Les Antigones, 1984, Gallimard – 1986 pour la traduction française). Pourquoi un tel succès ? Comment une œuvre si lointaine (442 avant J.-C.), si codifiée dans sa forme, si ancrée dans son temps peut-elle encore autant fasciner ? Si le personnage lui-même alimente cette fascination, la multiplicité des interprétations, que l’exégèse du texte a creusée au fil du temps, parle à de très nombreux créateurs, qui, à leur tour, réinventent les formes de la tragédie.