Autrice de ce dossier : Caroline Bouvier
Proposer à une classe un spectacle écrit et joué par Kery James est une expérience intéressante : le clivage est immédiat. D’un côté, ceux qui ne connaissent pas la pièce témoignent d’un intérêt poli et posent les questions habituelles : « De quoi ça parle ? C’est où ? C’est bien ? » De l’autre, le choc est manifeste : les élèves se réveillent, tétanisés par la nouvelle, mais un peu inquiets malgré tout : « Kery James, vous voulez dire… Kery James ? le rappeur ? » Comme si l’école, considérée comme représentative d’une culture officielle et poussiéreuse, ne pouvait s’intéresser à un artiste de son genre, alors même que celui-ci ne cesse de la défendre…
De fait, en écrivant cette pièce, Kery James a voulu instaurer un dialogue : mettre en relation deux mondes, deux France qui ne se connaissent pas et qui multiplient les préjugés l’une sur l’autre. Ainsi, deux jeunes élèves avocats, Soulaymaan Traoré et Yann Jaraudière, issus d’origines « opposées », s’affrontent dans un débat contradictoire et s’interrogent sur l’état des banlieues. À qui reviennent les responsabilités ? Déterminismes sociaux ou liberté individuelle de chacun ? Complaisance envers soi-même ou refus de la victimisation ? Les enjeux sont posés, et le spectateur est amené à réfléchir et à réagir.
En scène :
Mise en scène de Jean-Pierre Baro (2017)