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Par Carmela Rigout,
[avril 2012]
Mots clés : littérature de jeunesse
Introduction
Émergence d'une nouvelle culture et d'un nouveau lectorat
Le phénomène du cross-age
Entretien : Littérature jeunesse : une littérature à part entière
Le cas de la dystopie
Entretien : Le point avec Lalou
Les professionnels face à ce phénomène
Les libraires adaptent leur offre
Ce qu'en pensent les professeurs documentalistes
Questions aux organisateurs du Prix des incorruptibles
Une nouvelle maison d'édition
Tableau des principales collections
Références bibliographiques
Laila Boukharta est Lalou, l'animatrice auteur du blog Expressionite Aiguë : Des livres, des choses, des moments de la vie.
Elle répond à Carméla Rigout qui l'intéroge pour Savoirs CDI.
Laila Boukharta : Non en effet à l'heure actuelle la tendance n'est plus vraiment « nouvelle », mais elle est toujours très développée parmi la littérature pour adolescents, et ils sont de plus en plus nombreux à succomber à l'appel de ce genre en pleine effervescence.
Le phénomène évolue peu, dans le sens où malheureusement une fois que les éditeurs ont flairé le bon filon, il est facile de faire du « copier/coller ». Pourquoi changer une formule qui marche ? Les thématiques restent plutôt semblables et les histoires tendent à se répéter. Pourtant le phénomène prend de l'ampleur et plusieurs projets sont en passe de traverser la frontière livre / Cinéma, comme « Hunger Games » qui fait d'ores et déjà un tabac sur grand écrans.
Laila Boukharta : La suite de la série « Matched » (« Promise »), dont le second tome vient de paraître.
Le troisième tome de « Hunger Games ».
« Divergent » ou encore « Starters », mais aussi « Sentiment 26 » de Gemma Malley.
« Éphémère » de Lauren DeStefano
« Les Ecriveurs » de Frederic Mars
Laila Boukharta : Un grand auteur français fait de la dystopie exceptionnelle, c'est Jean-Claude Mourlevat. Dans ses romans « Le combat d'hiver » ou « Terrienne » il fait preuve d'une plume magnifique et touche merveilleusement le cœur des adolescents.
Laila Boukharta : Les adolescents sont effectivement de plus en plus inquiets face au monde actuel. Il faut dire que les réseaux sociaux et la surinformation à laquelle ils sont confrontés au quotidien n'aident pas à voir l'avenir sereinement.
Mais il ne faut pas oublier que, dans la plupart de ces romans, la dystopie est prétexte soit à une aventure hors norme, soit à une histoire d'amour, soit aux deux. Les adolescents sont traditionnellement friands de ces différents thèmes.
Laila Boukharta : Le premier tome de « Promise » d'Ally Condie marche très bien auprès des adolescentes. Elles m'ont dit imaginer que notre monde pourrait devenir tel que celui décrit dans le roman, surtout à cause de leur « catégorisation » dans l'enseignement. Elles m'ont parlé de « destins tout tracés » à l'heure actuelle, du fait qu'on essaye de mettre tout le monde dans des cases. Elles retrouvent donc les dérives de ce type dans les romans comme celui-ci.
En général, les lectrices recherchent également les belles aventures et histoires d'amour dans ces textes. J'ai donc souvent orienté leur lecture vers « Delirium » de Lauren Oliver. Mais ce roman n'a pas le même impact « sociétal » sur les jeunes auxquelles j'ai fait lire ce roman. En effet, dans ce cas-ci, les ados se souviennent plutôt de l'histoire d'amour.
Pas mal de garçons plébiscitent la série « Hunger Games » pour le côté « danger ». Ils reconnaissent souvent les méfaits de la téléréalité dans ce roman, en tout cas c'est un thème qui revient souvent au fil des conversations qu'ils peuvent avoir avec moi.