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Henri La Fontaine : Retour au Mundaneum, « Capitale de la documentation »

Henri La Fontaine. Mundaneum
Henri La Fontaine. Mundaneum

Dans le courant du mois de février 2010, le Mundaneum, actuellement situé à Mons en Belgique, va rendre un bel hommage à Paul Otlet et à ses amis (Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrehttp://www.aib.ulb.ac.be/colloques/
2010-mons/2010_programme.html
)
Parmi ces derniers, Henri La Fontaine occupe une place privilégiée. Les actions menées avec Paul Otlet sont étroitement conjuguées, difficiles à attribuer à l’un plus qu’à l’autre. Cependant, le poste politique du sénateur La Fontaine, l’obtention du prix Nobel de la paix le rendent plus responsable et actif pour les actions menées sur le plan international.
Nous partons à la découverte de ce grand humaniste qui, avec son immense ami, a donné ses lettres de noblesse à la documentation.

Une vie tournée vers les autres

1854 Naissance à Bruxelles d’une famille bourgeoise
1874 Les études de droit menées à l’Université libre de Bruxelles l’entraînent à réaliser un stage chez Edmond Picard, juriste réputé, qui accueillera également, plus tard, Paul Otlet
1877 Il entre au titre de conseiller à la Cour d’Appel de Bruxelles
1883 Hodgson Pratt, pacifiste britannique, à la tête de la délégation britannique lors du congrès pour la paix de Bruxelles, pousse Henri La Fontaine à fonder une société pacifiste belge : la Société Belge de l’arbitrage et de la paix. Henri La Fontaine trouve là la flamme qui va le conduire tout au long de sa vie : faire que la paix soit partout dans le monde.
1890 Il rencontre Paul Otlet. C’est le début d’une amitié sans faille entre les deux hommes et d’un travail activement tourné vers l’idéal du partage, de l’égalité et de la fraternité des hommes. « Les deux hommes ne se quitteront plus et leur histoire entremêlée est l’une de ces amitiés d’exception, d’une de ces fidélités exemplaire, que relie la noblesse d’esprit et de cœur. Inséparables, même lorsque la diversité de leurs occupations les sépare, Otlet et La Fontaine s’accordent volontiers sur un ensemble de problèmes et, de plus en plus au fil du temps, sur celui, capital, d’une recherche de la paix fondée sur le droit international comme sur l’existence d’une juridiction internationale ». [1] Paul Otlet trouve dans la documentation, une solution pour la pacification du monde quand Henri La Fontaine la trouve dans son action politique.
1891 Publication d’un Essai de bibliographie de la paix qui lui permet d’affirmer son soutien au Mundaneum et de s’investir dans la réalisation et la publication de la Classification décimale universelle.
1892 Il participe à la création de la Ligue belge du droit des femmes. Il faut noter la présence, à ses côtés, de sa sœur Léonie qui joue un rôle important dans la reconnaissance des droits et des femmes et de l’importance de la documentation pour permettre à tous de trouver un chemin menant aux connaissances qui lui sont nécessaires.
1894 Il est élu sénateur provincial du Hénaut, poste qu’il occupe jusqu’en 1898
1898-1932 Il devient sénateur de Liège.
1835-1936 Il est sénateur du Brabant.
Pendant toutes ses années, il consacre une grande partie de son temps et de son énergie au combat politique en défendant activement ses opinions sur l’éducation, le droit des femmes,…
1891 Il contribue à la création du Bureau international permanent de la paix (BIPP) qu’il préside dès 1907 (Ce Bureau, devenu aujourd’hui Bureau international de la paix représente la plus ancienne organisation internationale pour la paix).
1895 Il crée avec Otlet, l’Office international de bibliographie qu’il propose de nommer « Maison de la documentation ». L’aventure de la documentation menée par ces deux pionniers  commence, concrétisée dans la première Conférence internationale de bibliographie.
1902 Publication d’un immense volume : Pasicrisie internationale : histoire documentaire des arbitrages internationaux. 1874-1900, répertoire de 368 documents sur les accords, les règles, les procédures… En soi, une belle réalisation documentaire.
1904 Publication de Bibliographie de la paix et de l’arbitrage international composée de 2 222 entrées. Cette publication traduit son adhésion à la documentation comme appareil analytique des informations, ceci afin de permettre leurs mises à disposition à tous les publics concernés.
1908  Les deux amis qui veulent faire de Bruxelles un centre international, créent l’Union des associations internationales (UAI) regroupant 170 associations. La Fontaine y occupe le poste de secrétaire général. Cette même année, l’IIB organise la quatrième Conférence de bibliographie. « L’objet de la Conférence était de provoquer un échange de vues sur les grands travaux en cours, sur l’unification des méthodes et la coopération. Son but immédiat était de rechercher les moyens de donner une organisation internationale à la  documentation »  [2].
1910 Le premier Congrès mondial des associations internationales a lieu à Bruxelles. Y naît l’idée d’un musée international de la technique, de l’enseignement, de l’économie et du social où seraient présentés tous les progrès accomplis au niveau international dans toutes les matières
1913 Henri La Fontaine reçoit le prix Nobel de la paix, reconnaissance de son travail opiniâtre en faveur du règlement pacifique des conflits. La récompense financière de ce prix est engloutie dans le projet du Mundaneum
1914 Avec son épouse, H. La Fontaine rejoint Londres, comme l’ont fait de nombreux Belges fuyant l’occupation allemande. Il veut profiter de son exil pour instaurer une structure permettant d’éviter une nouvelle guerre. Mais très vite, il quitte l’Angleterre. Il  rejoint les Etats-Unis pour unifier les mouvements socialistes européens et les sociétés de la Paix présentes dans ce pays. Il se centre alors sur la rédaction de l’œuvre de sa vie : Magnissima Charta.
1916 Publication de The great solution : Magnissima Charta dans lequel il défend l’idée d’une organisation internationale du travail intellectuel.
1919-1921 Il devient vice-président du Sénat Belge.
1920 Le Mundaneum s’installe au Cinquantenaire et rassemble la totalité des réalisations des deux amis. La même année, La Fontaine est délégué de la première assemblée de la Ligue des Nations.
1921-1922 Il en devient le second vice-président.
1923-1932  Il en devient le premier vice-président.
1943 Décès en Belgique au moment où son pays est encore occupé au nom de la guerre qu’il a combattu durant toute sa vie. (Otlet meurt en 1844) 

Les mots clés caractérisant Henri La Fontaine

  • Association internationale  Elles sont au cœur de la doctrine du solidarisme (voir Union des associations internationales).
  • Classification décimale universelle Les deux hommes la proposent comme une Œuvre vivante, véritable clé d’accès aux documents. « Car si la totalité du savoir nous est interdite, le problème n’est pas tant de posséder des connaissances que d’y accéder. C’est toute la problématique de la « documentologie », cette discipline qui étudie les propriétés des documents, leurs flux et les moyens d’en traiter le contenu en vue d’une accessibilité optimale » [3]. Cette classification s’inscrit dans le courant réformateur, pacifiste et internationaliste. Au niveau philosophique, on peut s’interroger sur le modèle encyclopédique qui a servi de référence à cette classification : « Le modèle encyclopédique ayant servi de base à la CDU n’est ni celui du rationalisme, ni celui de l’empirisme, ni même celui du positivisme qui, comme nous allons le voir, semblait idéologiquement, le plus proche des conceptions d’Otlet et La Fontaine, mais une classification d’inspiration hégélienne » [4].
    Les deux hommes la présentent dans le Bulletin de l’IIB paru en 1904 d’un point de vue très descriptif : nombre de divisions, table systématique, index alphabétique… Ils insistent surtout sur son application pour le classement de tout type de document : « répertoires bibliographiques, catalogues… classement des notes, observations, extraits et documents divers destinés à des études et à des travaux personnels ; classement de documents graphiques, illustrations et photographies, de clichés, de brevets, de spécimens, des catalogues industriels, de circulaires commerciales et toutes les autres applications à la documentation prise dans le sens le plus large ». Cet inventaire montre que les deux hommes ont bien compris que la documentation doit dépasser le livre et que le service de documentation, au contraire d’une bibliothèque, doit s’ouvrir sur tous les documents.
    Au cours de la réalisation de leurs travaux, Otlet et La Fontaine prennent conscience de la difficulté de rassembler une documentation exhaustive. La dissémination des documents et le manque de rigueur dans la rédaction des références bibliographiques en étaient les deux principales raisons. Dès lors, ils décident, en accord avec Melvil Dewey, d’introduire dans leur système, des tables auxiliaires, des signes de ponctuation permettant de préciser le lieu, le temps, le type de documents. C’est tout un ensemble de subdivisions communes ou de divisions analytiques qui donnent à la CDU une structure combinatoire. En 1905, paraît la première édition de ce nouveau système dont prend soin, au sein de la FID, le CCC ou comité central de classification entouré de FID/CT ou commissions techniques chargées individuellement de la révision et de la maintenance d’une classe ou d’une sous-classe de la CDU.
    La CDU, nous le savons, n’a pas été accueillie avec intelligence par un certain nombre de bibliothécaires français. Eugène Morel, un des personnages du mois déjà rencontré, rapporte l’anecdote suivante séparant Lafontaine et Léopold Delisle alors conservateurs en chef de la Bibliothèque nationale de France : « Le temps est loin où M. Lafontaine qui nous le racontait à Zurich, était allé voir M. Léopold Delisle qui, je cite ses paroles, était un grand bibliothécaire et, lui parlant de bibliographie et de classification, eut cette réponse : « A quoi bon ! Le public n’a pas à consulter les bibliographies. C’est à nous bibliothécaires, à le renseigner ». [5]
  • Collectivisme La Fontaine diffuse sa conception d’une société collectiviste dans La Justice et le Journal du Charleroi. Il affirme sans cesse l’égalité et la fraternité qui devraient animer les hommes. Il défend cette idée pour la distribution et la circulation de l’information, via la documentation.
  • Documentation Le concept se cherche mais se précise peu à peu grâce aux actions des deux amis et aux écrits qu’ils publient dans le Bulletin de l’IIB. Ils l’expriment d’abord en terme de bibliographie ce qui les entraînent à créer le Répertoire Bibliographique Universel. Ils n’emploient jamais alors le terme de documentation. Ils désignent sous le terme de bibliographes les personnes qui travaillent à l’élaboration des répertoires bibliographiques, tout en insistant sur la reconnaissance insuffisante de leur production. Le terme de documentation apparaît dans les années 1903, conçu à la fois comme une continuité de la bibliographie et comme une rupture entraînant une approche complètement nouvelle du document, de son traitement et de sa diffusion. On trouve, dans les réflexions et les actions des deux hommes, les germes de ce qu’est l’actuelle science de l’information et de la documentation. Il s’agit de comprendre que le document livre n’est pas le seul chemin qui permet d’accéder à la connaissance mais aussi de dépasser la vue élitiste auquel il est enchaîné. Le document est divers et sa diversité permet de construire des chemins multiples permettant l’accès à l’information par des routes différentes, correspondants aux besoins des utilisateurs dans leurs individualités
  • Institut international de bibliographie Créé en 1895 à Bruxelles par les deux amis, cet Institut leur permet de s’exprimer sur la documentation et ses humanistes objectifs. Il est, en particulier, occasion pour La Fontaine d’insister sur l’obligation de favoriser l’essor des associations internationales.
    Les objectifs de cet Institut consistent à perfectionner et à unifier les méthodes bibliographiques et documentaires,  à organiser la coopération internationale scientifique en vue d’élaborer des travaux d’ensemble, et spécialement le RBU. Ce travail doit être établi sur fiches individuelles. Il est fondé sur l’emploi de la CDU pour le classement méthodique de ces fiches. Il s’agit de créer un centre international de coopération et de conservation et d’assurer l’usage des collections et des répertoires à tous ceux qui en ont besoin. L’IIB organise quatorze conférences internationales sur la bibliographie et la documentation dans les principales villes européennes.
    « L’Institut dirige le travail coopératif. Il procède à la répartition des travaux en vue d’éviter les doubles emplois… L’Institut tient à jour un inventaire de tous les travaux émanant de cette coopération. Il établit aussi périodiquement une statistique des notices bibliographiques qui comprend  l’exemplaire original du Répertoire universel  sur les divers ordres de matière. Enfin, il publie régulièrement le catalogue de toutes les publications qui sont considérées comme des contributions imprimées à ce répertoire et peuvent être utilisées pour la formation des répertoires bibliographiques particuliers »  [6]
    L’ IIB  devient l’Office international de bibliographie puis marque l’apparition de la documentation dans le monde en devenant l’Institut international de la documentation (1931) intitulé plus tard la Fédération internationale de la documentation (1938), puis la Fédération internationale de l’information et de la documentation (1986)...
  • Magnissima Charta Rédigé en anglais, ce document est une réflexion sur la future société internationale. La Fontaine y exprime la quintessence de son projet pacifiste à travers 72 articles, d’une extrême précision,  censés régir les relations des Etats. L’ouvrage de 169 pages est divisé en six chapitres qui analysent les droits et les devoirs des Etats. La Fontaine propose d’organiser des Conférences de la Paix. Mais comme cet intitulé est tourné en dérision par de nombreux détracteurs, il décide de parler de Conférence d’Etats. Il développe le concept d’arbitrage international universel et plaide pour la création d’un appareil judiciaire international, à savoir une Cour internationale de justice, qui réglerait les conflits au sein de la société des Etats. Il y explicite clairement le droit à l’autodétermination des peuples et défend ardemment le respect des droits de minorités et des « backward peoples » des colonies. Il propose que l’exploitation des richesses terrestres se fasse dans l’intérêt collectif des hommes. La documentation le fait en autorisant l’exploitation des richesses patrimoniales intellectuelles.
    Ce document connaît un important succès auprès des sociétés de la paix américaines. Il est, par contre, très peu diffusé et connu en Europe.
  • Mundaneum : Machine à faire la paix Le projet de la création d’une bibliothèque universelle naît très vite après la rencontre des deux hommes. La Fontaine s’investit dans ce projet notamment comme principal bailleur de fonds. Ce lieu doit devenir : « le point de rencontre, le centre de coordination de l’organisation internationale de l’intelligence (...) un instrument dans la marche de l’humanité vers un avenir radieux ».
    Complété par le Palais mondial, conçu comme une superstructure centralisée capable de conserver le savoir universel, de le traiter et de le diffuser à travers le monde, le Mundaneum visait un objectif plus vaste : donner naissance à une ère nouvelle, à une meilleure civilisation mondiale. Il devait ouvrir sur une Cité mondiale pour laquelle des architectes tels Le Corbusier, Andersen et Jeanneret sont interpellés et intéressés. Le Corbusier dessine en 1927 le premier dessin, fondé sur la figure de la spirale, le bâtiment principal destiné à abriter le palais mondial adopte la forme d’une pyramide. Andersen dessine un autre thème. Tout cela est abandonné faute de moyens financiers...
    Le Mundaneum connaît ses heures de gloire entre 1920 et 1930. La guerre va nier définitivement toutes les valeurs qu’il véhicule  puisqu’il  s’agit d’opposer « victorieusement aux horreurs et aux confusions de la crise, de la guerre et de la révolution, l’idéal et le bien de la prospérité, de la paix, de la justice et de l’ascension des hommes vers une plus haute destinée » [3].
    Concrètement, les tonnes d’ouvrages, de revues, d’affiches et de bric-à-brac hétéroclites que  les deux amis recueillent et entassent, constituent indubitablement les archives les plus étonnantes et les plus malmenées de l’histoire humaine. En effet, cette bibliothèque hors norme,  rehaussée d’un inventaire comptant des millions (!) de bristols, en encombra plus d’un. À commencer par le Cinquantenaire, qui l’hébergea momentanément et qui en dérangeait régulièrement les collections, au dam de leurs maîtres d’œuvre, à coups de « Foires commerciales aux caoutchoucs ». Dans le sillage de ses déménagements successifs, imposés par le gouvernement belge lui-même ou, pendant la guerre, par les autorités occupantes, le Mundaneum, « Juif errant » de papier, perd irrémédiablement quantité de pièces. Certes, l’intérêt des ressources amoncelées par Otlet et La Fontaine pourra paraître relatif, si l’on comprend qu’à leurs yeux, tout écrit faisait sens pour révéler la culture à laquelle il appartenait. Lorsque l’état belge ferme les portes du Mundaneum et déménage d’office tout ce qu’il contient, Otlet crée les Amis du Palais Mondial. La Fontaine, alors à Genève, prend vigoureusement la défense de son ami et de ce projet qu’ils portent en commun : en vain.
    Le Mundaneum pendant plus de quarante ans sert de base aux deux amis oeuvrant à tout collationner. Ce sont ces collections que le ‘nouveau’ Mundaneum, ouvert en 1998, s’applique à présenter et à faire connaître du public.
  • Répertoire bibliographique universel Sa conception est, pour les deux auteurs, l’occasion de rappeler que le travail documentaire ne peut être que collaboratif. Dans un article paru dans le Bulletin de l’IIB, H. La  Fontaine et P. Otlet dressent un historique des premiers dépouillements des périodiques, forcément établis grâce à un travail en réseau qui traduit une des spécificités du travail documentaire. Celui-ci n’a aucun sens s’il est solitaire [7].
    « Le nouvel outil d’accès que représente le RBU ne peut se concevoir qu’en organisant un système de coopération, en étendant la normalisation du document et la rationalisation du travail. L’ampleur de la tâche peut s’effectuer grâce à une division du travail qui évite le gaspillage, le désordre improductif ». [8]
    Ce répertoire a pour objet le recensement de notices bibliographiques de tous les temps et de tous les pays. Il doit établir les références des ouvrages parus depuis l’invention de l’imprimerie. Ce répertoire qui adopte la fiche normalisée de 12,5 sur 7,5 cm représente dès 1910 quelque sept millions de fiches, classées selon les principes de la classification décimale universelle. Il comporterait aujourd’hui entre 16 et 18 millions de notices. On peut imaginer l’importance du RBU en se représentant un meuble-fichier de 2m20 de hauteur et d’un développement linéaire de quelque 250 mètres [9].
  • Travail en réseau Otlet et La Fontaine veulent bien faire comprendre que le travail documentaire perd tout son sens s’il est activé de façon solitaire. Toutes leurs entreprises sont placées sous le terme clé de réseau. Ils sont, en effet, au cœur de réseaux multiples, conditions de la réussite de toute entreprise documentaire. Ils sont au cœur de : « réseaux juristes, socialistes…, pacifistes,… universitaires…, intellectuels…, scientifiques… »  rappelle Anne Rasmussen [10].
    Les deux amis font leur première arme documentaire en établissant une bibliographie sociologique internationale qui leur permet de rentrer en contact avec le milieu de la sociologie internationale et de rencontrer, entre autre, Gabriel Tarde ou Charles Gide.
  • Union des associations internationales Naît des travaux entrepris dans le cadre de la création du Répertoire bibliographique universel, cette association, primitivement appelée Office des Associations internationales, résume l’idée que la coopération internationale, concrétisée dans les organisations internationales déjà existantes, symbolise l’installation d’un dialogue entre les hommes et donc une chance pour qu’une paix durable s’établisse entre eux.
    « La vie internationale et l’effort pour son organisation » est le titre de tête du premier fascicule sorti de presse en avril 1912 de la revue de l’Union des associations internationales  qui  synthétise fort bien le domaine et la mission assignée à celle-ci par les deux auteurs de l’article, premiers secrétaires généraux  et, pendant trente ans, les chevilles ouvrières de cette organisation.
    Les associations embrassent toutes les fonctions sociales de l’humanité. C’est pourquoi il est important de les recenser et de les faire connaître. C’est pourquoi paraît l’Annuaire de la vie internationale avec pour comité de rédaction, Alfred Fried, Otlet et, bien sûr, La Fontaine [11].

Conclusion

L’activité publique et professionnelle de cet homme à la fois avocat, homme politique, bibliographe, auteur, alpiniste et musicien (ami de Richard Wagner, il traduit la Walkyrie) permet de comprendre que La Fontaine a eu une vie bien remplie, conduite par des idées et des actions que connaissent parfaitement les enseignants documentalistes : le partage, l’autonomie, l’épanouissement, le respect et la reconnaissance des personnes.
« L’humanisme poursuivi par l’éducation pourra devenir le bien de tous ». Dans cette philosophie, chacun doit avoir accès à l’ensemble des connaissances disponibles dans le monde. Cette mondialisation du savoir vise « à faire passer dans tous les domaines du stade anarchique et inférieur actuel, fait de séparation et d’opposition, à un stade supérieur de culture, d’harmonie et de civilisation universelle. »
Henri La Fontaine, comme son ami Paul Otlet, méritent de sortir de l’ombre. Les documentalistes leur doivent d’avoir donné à leur mission un superbe sens : celui de passeur du savoir sans frontière,  via le document.

(1) CANONNE, André. Mundaneum, Classification décimale universelle et CLPCF. Lectures, 1985, no 25
(2) HELLEMANS, Jacques. Paul Otlet, Fondateur du mouvement bibliologique international. 19e colloque international de Bibliologie, science de la communication écrite. Association internationale de bibliologie. Alexandrie 12-15 mars 2006
(3) Les prémisses du Mundaneum. Mons : Ed. Mundaneum, 1995.
(4) VAN BINSBERGEN, Eric. Le livre universel. Cent ans de l’Office international de bibliographie. Mons : Editions Mundaneum, 1995.
(5) MOREL, Eugène. Notes sur le congrès de l’Institut international de bibliographie à Zurich en Août 1930, lues à l’Assemblée des bibliothécaires français. Chroniques,  août-décembre 1930, vol. 05 ; no 7-12
(6) Bulletin de l’IIB,  1899
(7) LA FONTAINE, H. ; OTLET, P. Création d’un Répertoire bibliographique universel. Bulletin de l’IIB, 1895, no 01.
(8) FAYET-SCRIBE, Sylvie. Histoire de la documentation en France. Paris : CNRS, 2000
(9) CANONNE, André. Préface de la réédition par le CLPCB du Traité de documentation : le livre sur le livre : théorie et pratique. Liège : Centre de lecture publique de la communauté française de Belgique, 1989.
(10) RASMUSSEN, Anne Rasmussen. L’internationale scientifique ( 1890-1914). Thèse de doctorat de l’Ecole des  hautes études en sciences sociales, 1995
(11) FRIED, A ; OTLET, P. ; La FONTAINE, H.. Annuaire de la vie internationale 1908-1909. Bruxelles : Office central des institutions internationales, 1909

 

Pour aller plus loin

Une visite sur le site du Mundaneum s’impose : Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrehttp://www.mundaneum.be/

Ainsi qu’une visite sur le site des prix Nobel : Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrehttp://nobelprize.org/