Interview de Patrick Ducler, Délégué Académique au Numérique de l'Académie de Nantes

Patrick Ducler est le Délégué Académique au Numérique de l'académie de Nantes

En tant que DAN, comment envisagez-vous la place et le rôle des professeurs documentalistes dans l'ENT e-lyco ?

Patrick Ducler : lors du lancement du projet e-lyco, il m'a semblé indispensable d'affirmer clairement l'importance des professeurs documentalistes dans le déploiement de l'ENT au sein de l'établissement. Cette volonté s'est exprimée dans les diaporamas présentés lors des premières conférences, elle faisait largement consensus. Il est à noter, cependant, que cette initiative était essentiellement liée à la stratégie d'adoption de l'ENT dans l'établissement. Pour leur position relationnelle avec l'ensemble des enseignants, nous nous devions de mobiliser les professeurs documentalistes. Aujourd'hui, ce rôle reste important mais sans doute est-il désormais moins prépondérant. L'évolution du contexte global de la connaissance (numérisation massive des ressources documentaires, accès renforcé des Data Center, développement des modalités numériques de formation à distance, de parcours mixtes, des Mooc, etc.), tout porte à penser que les professeurs documentalistes auront une place grandissante dans l'école numérique, cela au prix d'une évolution non négligeable du métier d'enseignant.

Quelles sont pour vous les plus-values majeures qu'apporte un ENT comme e-lyco dans les domaines éducatifs et pédagogiques ?

Patrick Ducler : Dans l'école numérique, et particulièrement pour l'académie de Nantes,  qu'il s'agisse d'e-lyco pour le second degré ou d'e-primo pour le premier degré, l'ENT est le socle du dispositif. Je rappelle que le principe fondamental de l'ENT est d'offrir à chaque usager, selon ses besoins professionnels ou d'apprentissage, une solide cohérence d'accès (identification unique) et de fonctionnement (meilleure intégration) des services numériques. C'est pourquoi, parvenu à maturité, l'ENT devra être fondamentalement "centré" sur l'usager. Tout devra devenir plus simple. Il reste un peu de chemin à parcourir tant la diversité des offres de services numériques et des outils est croissante.

Pensez-vous que l'ENT est un atout pour assurer les missions pédagogiques du professeur documentaliste, par exemple la formation des élèves à la recherche documentaire ou l’Éducation aux Médias et à l'Information ?

Patrick Ducler  : Je ne suis pas issu du monde professionnel de la documentation, mais vous avez raison et je ne pense pas qu'il puisse en aller autrement. Il me semble que l'ENT est un atout formidable pour les professeurs documentalistes. Même si cela n'est pas encore entièrement visible, une part essentielle de l'accès à la connaissance et à la documentation sera bientôt numérique, sans pour autant faire disparaître la documentation matérielle. Quel est le challenge éducatif d'aujourd'hui ? Outre lire, écrire, compter, les trois fondamentaux de l'école de Jules Ferry, tout citoyen doit apprendre à trier et exploiter les informations disponibles en ligne sur Internet. S'il fallait ajouter un quatrième item, ce serait "communiquer". Communiquer est une compétence complexe qui met en jeu la capacité à naviguer, trier, valider, assembler des informations puis à les mettre en forme. Comment réussir cela sans une solide formation à la recherche documentaire ? Tous les enseignants devront y contribuer, mais les professeurs documentalistes, professionnels de ces questions, auront à promouvoir, structurer et enrichir cette dynamique collective. Personne n'y parviendra seul, il faudra un élan collectif s'appuyant sur les motivations et compétences de chacun. Autrement dit, l'Education aux Médias et à la recherche documentaire ne doivent pas être la propriété et l'exclusivité de quiconque. Mais qui mieux que les professeurs documentalistes peut piloter cela ?