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La nécessité de « ré-inventer la bibliothèque scolaire »

Le constat de l'insuffisance de l'enseignement pour amorcer les changements souhaitables oblige à reconsidérer le système éducatif traditionnel, à bout de souffle. L'impression d'avoir atteint les limites de la réforme éducative dans tous les pays développés, invite à repenser l'apprentissage des élèves [1]

La bibliothèque scolaire ou centre de ressources retient une attention particulière tant ce lieu contient en germe d'éléments et caractéristiques susceptibles de dynamiser un nouveau processus : hors temps de classe, transversal, naturellement associé à l'accompagnement individualisé, au carrefour des disciplines, d'études et de culture, d'activités plurielles collaboratives ; bref, un lieu idéal pour élaborer un nouvel espace d'apprentissage attendu par les jeunes. Nés avec le numérique, leur rapport au temps, à l'espace, à l'information et à l'autorité diffèrent. C'est la communication et l'échange, au centre de leurs activités, qui les motivent. L'interactivité avec leurs pairs et avec leurs enseignants dont ils ont besoin peut être nourrie par les outils numériques.

Il n'est pas envisageable de transposer le modèle développé dans les bibliothèques universitaires aux CDI car aucune comparaison n'est possible entre les moyens dont dispose la documentation du supérieur et celle du second degré. Mais l'objectif principal reste le même. L'expression canadienne « carrefour d'apprentissage » [2] choisie comme équivalente au terme Learning centre traduit bien l'essentiel de ce qui est visé : être à la fois au carrefour des espaces de vie, de travail et de culture des élèves et à la fois un lieu axé sur les processus d'apprentissage, un lieu qui accorde une place fondamentale aux travaux d'innovation et de recherche en éducation.

Les principes clés restent fondamentalement similaires eux aussi : un lieu proactif, convergent, stimulant l'étude, un lieu de découverte offrant les ingrédients nécessaires au soutien de l'apprentissage « horizontal » et utilisant tous les atouts du numérique ; un lieu proposant des espaces différenciés dans un environnement accueillant – des travaux du MIT et de l'OCDE plus récemment, ont montré que la configuration de l'espace a une incidence majeure sur l'incitation à apprendre et notamment sur les projets collaboratifs.

Le modèle reste cependant à inventer même si les CDI possèdent déjà nombre d'atouts qui en font fonctionner certains quasiment comme des Learning centres. Le CDI a toujours été le lieu d'expérimentation des nouveaux dispositifs. C'est bien aujourd'hui le lieu favorable au développement de l'approche par les compétences (notamment 4, 6, 7) si difficile à intégrer dans les programmes disciplinaires. Ses professionnels sont des enseignants, une particularité quasi-unique au monde, qui les rend connaisseurs et sensibilisés aux questions et enjeux pédagogiques. Enfin, leur capacité inhérente à leur fonction à mobiliser et organiser une grande diversité d'activités, en particulier en matière de médiation et d'accompagnement, ne sont pas à démontrer. Mais c'est le développement, inévitable à plus ou moins long terme, des ressources numériques et de ses accès qui obligera à reconsidérer les fonctions et l'aménagement des lieux. Parce qu'il s'agit d'une mutation qui induit de nouveaux usages et de nouvelles formes de penser, de s'organiser, de collaborer.

Bien évidemment, cet espace d'apprentissage développe d'ores et déjà une vision globale et transversale qui intègre les exigences des réformes en cours dont l'accompagnement et l'aide personnalisée.

Notes de bas de page

[1] Etude prospective sur les systèmes d'enseignement et de formation en France à l'horizon de 15 ans. Futuribles international, janvier 2012

http ://www.futuribles.com/pefaccueil.htm

[2] « Ensemble pour apprendre : les bibliothèques scolaires et l'émergence d'un carrefour d'apprentissage ». Une vision pour le 21è siècle. OSLA, 2010

http ://www.accessola.com/data/6/rec_docs/717_OLATogetherforLearningFR.pdf