Le phénomène des réseaux sociaux : est-ce important ? (p.16-17)

Le texte est traduit de JISC Google generation : Information behaviour of the researcher of the future que vous trouverez dans sa version originale : Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrehttp://www.jisc.ac.uk/media/documents/programmes/
reppres/gg_final_keynote_11012008.pdf

© Centre for Information Behaviour and the Evaluation of Research (CIBER), UCL, 2008.

Le cadre 
     Quels sont les objectifs de cette étude ?
     Comment a été menée cette étude ?
     Qu’est-ce-que la génération Google ?
     Qu’est-ce que 'la transition numérique' et en quoi est-ce que cela affecte les bibliothèques ?
     Comment les gens se comportent-ils habituellement dans une bibliothèque numérique ?
La génération Google
     Que savons-nous du comportement informationnel des jeunes ?
     Comment les jeunes se comportent-ils actuellement dans une bibliothèque numérique ? 
     Le phénomène des réseaux sociaux : est-ce important ?
     'Génération Google' mythe ou réalité ?
     Que savons nous vraiment de la génération Google ?
     Où sont les écarts de compétences ?
Regards vers le futur
     A quoi pourrait ressembler l'environnement informationnel en 2017 ?
Défis
     Quelles sont les implications pour les 'experts de l'information' ?
     Quelles sont les implications pour les bibliothèques de recherche ?
     Quelles sont les implications pour les politiciens ?
     Des défis pour nous tous

  • Google+
  • Imprimer

(p.16)

L'émergence des sites web sociaux est en train de changer la nature et la forme du web : nous sommes passés d'un internet construit par quelques milliers d'auteurs à un autre construit par des millions. Les réseaux sociaux sont particulièrement intéressants pour les bibliothécaires et les éditeurs car ils font partie d'une tendance plus générale : des utilisateurs créant et mettant en ligne des contenus pour eux-mêmes, brouillant la vieille frontière générationnelle entre les producteurs et les consommateurs d'information. Et alors que les logiciels d'édition personnelle deviennent la norme, il est quelquefois quasiment impossible de faire la différence entre des produits éditoriaux classiques et des produits auto-publiés.

C'est un phénomène qui affecte toute la société. L'actuelle popularité des réseaux sociaux chez les jeunes détourne probablement l'attention de ceux qui créent vraiment des contenus « générés par l'utilisateur » (par opposition à ceux qui consomment) : Wikipedia et Youtube affichent tous les deux un grand écart d'âge entre les utilisateurs de contenus (majoritairement les 18-24 ans) et les créateurs de contenus (majoritairement les 45-54 et les 35-44 ans respectivement).

De nombreux bibliothécaires ont commencé à expérimenter les logiciels sociaux pour se rapprocher de leurs utilisateurs, mais c'est un problème. Les bibliothèques de recherche dépensent des millions de livres pour fournir des accès wifi à de coûteuses ressources numériques sous copyright : journaux, livres et monographies... mais tout cela est en grande partie tout nouveau pour les utilisateurs : soit ils ignorent que la bibliothèque fournit ces ressources, soit ils y accèdent probablement via Google en étant convaincus que c'est gratuit.
Plus le temps passe, plus les bibliothèques sont prises entre deux feux : elles sont juste bonnes pour payer, alors que l'éditeur ou le moteur de recherche ont les honneurs.

C'est la raison pour laquelle quelques bibliothécaires en pointe ont commencé à se positionner sur MySpace et Facebook en créant des profils. Il est trop tôt pour savoir si ce type d'initiative portera ses fruits, mais il y a un vrai danger à essayer de se montrer 'cool' auprès du jeune public. En fait le danger serait que les jeunes utilisateurs considèrent que la bibliothèque fait intrusion dans ce qu'ils considèrent comme leur espace (propre). Il y a une grande différence entre 'être là où sont les utilisateurs' et 'être UTILE(s) aux utilisateurs là où ils sont'.

Il semble que ce soit le message d'une enquête OCLC de 2007 [18] dans laquelle les questions suivantes étaient posées à des élèves de lycées et à des personnes du grand public : « Dans quelle mesure participeriez-vous à chacune des activités suivantes sur un réseau social ou un site communautaire s'il était proposé par votre bibliothèque ? »

(p.17)

Les chiffres représentent les personnes fortement susceptibles ou très susceptibles de le faire (ensemble des réponses entre parenthèses)

  • auto-publication de productions : 7% (6%)
  • échanges sur les services de la bibliothèque : 10% (7%)
  • partage de photos/ de vidéos : 7% (6%)
  • participation à des groupes de discussion en ligne : 6% (6%)
  • rencontre d'autres personnes sur les mêmes centres d'intérêt : 6% (7%)
  • description de ses propres collections : 9% (6%)
  • consultation des collections d'autres personnes : 12% (6%)

Ainsi, la plupart des élèves de lycée disent qu'ils ne sont pas intéressés.
Même si tout cela est prématuré les résultats de cette enquête n'apportent pas beaucoup de données sur le fait que les réseaux sociaux puissent contribuer à la reconstruction de relations avec les usagers dans un environnement où la médiation est de moins en moins présente.
Il y a beaucoup d'autres exemples d'expériences de bibliothèques avec les technologies Web2.0 : par exemple l'enrichissement d'entrées du catalogue avec commentaires et notes d'usagers, mais encore une fois il est beaucoup trop tôt pour en mesurer l'impact ou l'efficacité. Cependant il n'y a aucun doute sur le fait que les réseaux sociaux soient une réussite majeure, et que les bibliothèques devraient être attentives à toutes les nouveautés dans ce domaine, d'autant qu'il est avéré qu'aux États-Unis la plupart des étudiants avec un accès internet utilisent les réseaux sociaux au moins de temps en temps, et que très nombreux sont ceux qui disent les utiliser pour discuter de sujets dans le cadre de leurs études.
Le point de vue de CIBER est que le véritable enjeu auquel la communauté des bibliothèques devrait être attentive est l'avènement de l'e-book, et non pas les réseaux sociaux. Elle devrait bien sûr continuer à expérimenter ces outils et à les surveiller en particulier comme exemples de meilleures pratiques d'usages commerciaux (par exemple du marketing) et dans la fourniture de cours.

Niveau de fiabilité : moyen à faible

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[1] Jason Frand. The information mindset : Changes in students and implications for higher education, EDUCAUSE Review, March/April 2006, p.15
[2] College Students'Perception of the Libraries and Information Resources: A Report to the OCLC Membership.Dublin, OH: OCLC 2006.
[3] CIBER Work Package IV passim
[4] CIBER Work Package V pp.58-71
[5] CIBER Work Package V pp.45-46
[6] CIBER Work Package IV pp.20-22
[7] CIBER Work Package IV p.21
[8] CIBER Work Package IV pp.3 et 8
[9] CIBER SuperBook project Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrewww.ucl.ac.uk/slais/research/ciber/superbook/
[10] CIBER Work Package IV passim
[11] CIBER Work Package II pp.8-11
[12] Andrew Large, Children, Teenagers and the Web. Annual Review of Information Science and Technology, 39 (1), 2006, pp.347-392
[13] CIBER Case Study I: An Evaluation of BL Learning: a website for younger scholars. London: CIBER, 29 November 2007
[14] CIBER Case Study II: A User Evaluation of Intute. London: CIBER, 29 November 2007
[15] Diana Oblinger and Brian Hawkins, EDUCAUSE Review, March/April 2006, p. 12
[16] CIBER Work Package II, p. 7
[17] John Horrigan. A Typology of Information and Communication Technology Users. Washington, DC: Pew Internet and American Life Project, 7 may 2007
[18] Sharing, Privacy and Trust in Our Networked World: A Report to the OCLC Membership, Dublin, OH:OCLC, 2007
[19] Sarah Ann Long, Digital Natives: if you aren't one, get to know one, New Library World, 106 (1210/1211) 2005, pp.187-189
[20] Synovate. Leisure Time: Clean Living Youth Shun New Technology. Available online at Ouvre ce lien externe dans une nouvelle fenêtrehttp://www.synovate.com/news/article/2007/02/leisure-time-clean-living-youth-shun-new-technology.html [13 December 2007]
[21] Communications Market Report: Converging Communications Markets. Ofcom, August 2007
[22] Ibid.
[23] Ibid.
[24] Synovate. Leisure Time: Clean Living Youth Shun New Technology. Available online at http://www.synovate.com/news/article/2007/02/leisure-time-clean-living-youth-shun-new-technology.html [13 December 2007]
[25] CIBER Work Package II, pp. 3-5
[26] Diana Oblinger and Brian Hawkins, EDUCAUSE Review, March/April 2006, p. 12
[27] CIBER Work Package II, pp. 8-10
[28] Andrew Large, Children, Teenagers and the Web. Annual Review of Information Science and Technology, 39 [1], 2006, pp.347-392
[29] Lucy Merchant and Mark Hepworth, Journal of Librarianship and Information Science 34(2) 2002, p.81
[30] See for example, Melissa Gross and Don Latham, Attaining information literacy: An investigation of the relationship between skill level, self-estimates of skill, and library anxiety. Library and Information Science Research 29(3) 2007, pp.332-353
[31] Bright Future for Organice Tvs. Scientific American, 5 October 2007, p.7
[32] Joan Lippincott, Net Generation students and libraries, EDUCAUSE Review, March/April 2006, p.57