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Définition et terminologie

Le musée virtuel a été défini en 1998 par Andrews et Schweinbenz comme « une collection d'objets numérisés articulée logiquement et composée de divers supports qui, par sa connectivité et son caractère multi-accès, permet de transcender les modes traditionnels de communication et d'interaction avec le visiteur…, il ne dispose pas de lieu ni d'espace réel, ses objets, ainsi que les informations connexes pouvant être diffusées aux quatre coins du monde [1] ». Le musée virtuel s'impose à la fois pour son visiteur, comme une expérience documentaire et comme une expérience esthétique à part entière, de laquelle il est véritablement acteur. La terminologie rencontrée pour désigner ce type de dispositif recouvre de nombreuses expressions : musée imaginaire, musée en ligne, musée électronique, hypermusée, cybermusée.

Il en est de même pour l'exposition virtuelle. Le consensus semble arrêté sur le qualificatif « virtuel » si l'on s'en réfère au code de déontologie de l'ICOM [2]. Pour sa part, l'ENSIBB l'a définie comme une exposition numérique, créée et diffusée sur internet.

En France, la plus ancienne date de 1994. Conçue par la direction des musées de France, cette exposition intitulée "Le Siècle des Lumières dans les musées de France" a été réalisée avec le support technique de l'institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA).

Si les musées ont été précurseurs en ce domaine, les bibliothèques (la BNF et la BM de Lyon en 1997) se sont rapidement approprié ce champ d'action. En effet, une exposition virtuelle contribue grandement à la valorisation des collections de la bibliothèque ; elle permet d'affirmer sa place et son dynamisme sur internet.

On peut donc distinguer trois modèles d'expositions virtuelles :

  • Comme exacte reproduction en ligne d'une exposition physique ayant eu lieu dans une institution : cela permet au visiteur de préparer sa visite ou au contraire de revenir sur ce qu'il a pu découvrir.
  • Comme complément d'une exposition en cours : tout en respectant le thème principal de celle-ci, l'exposition virtuelle apporte d'autres informations, dévoile d'autres documents.
  • Enfin, une exposition virtuelle peut être conçue uniquement pour une diffusion sur internet. [3]

Les musées et le numérique

Le musée comme espace imaginaire

La conception du musée, distincte de celle d'un espace physique déterminé, a été envisagé bien avant les possibilités offertes par le numérique, car il s'agit d'une véritable conception intellectuelle, comme le témoigne le “Musée imaginaire” tel qu'André Malraux le présente dans les années 1950.

Le futur ministre des affaires culturelles envisage le musée comme un espace de métamorphose dans lequel des interactions entre les œuvres se produisent.

Pour commencer : la création et la mise en ligne des bases de données

Avant la mise en ligne de leurs collections sous forme d'expositions, les musées, système d'information à part entière, se lancent dans un inventaire de leurs collections qui donnera lieu à la création de base de données. L'exemple français, Joconde, catalogue collectif des collections significatives des musées de France, était déjà consultable sur le Minitel. Ce projet initié en 1975, était en ligne dès le milieu des années 1990.

Nouvelles mises en forme des savoirs et nouveaux contenus

Avec l'avènement du web de l'information (1993-2005), l'utilisation des multimédias s'étant peu à peu banalisée dans les foyers, des institutions culturelles vont s'adapter et développer des outils permettant de préparer et de prolonger la visite. L'accès aux collections prend progressivement d'autres formes : des bases de données, on passe à des dossiers en ligne, puis à des expositions virtuelles. On assiste ainsi à des regroupements institutionnels, régionaux [4] ou encore thématiques [5] de base de données.

La prolifération des bases consultables en ligne ainsi créées, va nécessiter alors la mise en place d'une interrogation multi-bases. Et c'est la technique du moissonnage, faisant appel à l'utilisation et à l'intégration des métadonnées, qui l'a permise.

Le moteur Collections du Ministère, mis en ligne en 2007, utilise cette technique et donne accès aujourd'hui à plus de 5,8 millions de documents et plus de 4,3 millions d'images, issus de 60 bases, 485 expositions virtuelles et 140 sites provenant tant du Ministère que de bases partenaires.

Le temps des expérimentations participatives /contributives

Certaines structures ont dû inventer de nouveaux modèles de valorisation et d'appropriation des collections, plus participatifs, permettant une actualisation progressive et une mutualisation des connaissances.

Citons pour exemple, le projet E-RECOLNAT, (2012/2016) coordonné par le Muséum national d'Histoire naturelle et qui a pour objectif de réunir, l'ensemble des données des collections françaises d'histoire naturelle sur la biodiversité, sur une même plate-forme informatique. Ce projet fera appel aux taxonomistes professionnels comme aux amateurs.

Le projet JocondeLab mené par le Ministère de la culture et de la communication en association avec Wikipédia incite également les internautes à enrichir les notices de leur choix [6].

Enfin, citons le Wikiday organisé en octobre 2014 par les musées de Bordeaux. Wikipédia propose aux visiteurs de mettre à leur disposition des ressources documentaires du musée tout en bénéficiant de l'accompagnement de leurs personnels, pour produire des contenus en lien avec les collections à publier sur Wikipédia.

De la numérisation des collections à l'open data

La numérisation peut se définir comme “la transcription de données de toute nature sous la forme de séquences de bits d'information reconnaissables, stockables et traitables par des machines informatiques, transportables et distribuables par des réseaux de communication électronique”. [7]

La numérisation du patrimoine et sa mise à disposition au grand public via des bases de données accessibles à distance, est apparue pour les musées français plus tardivement que pour certains autres pays européens. D'un point de vue technique comme juridique des leviers étaient à trouver, sans parler du coût financier et humain d'une telle entreprise. Ces différents projets, conduits par des institutions culturelles, des collectivités, des associations, sont soutenus par le ministère, dans le cadre d'un Plan national de numérisation du patrimoine et de la création.

La question de l'accès à des œuvres reproduites, duplicables à merci relance les polémiques déjà à l'œuvre à l'heure de l'invention de la photographie. N'est on pas en train de dévaluer les œuvres ?

L'Open data et les musées

Plus un souhait qu'une réalité effective, l'ouverture des données publiques des structures patrimoniales soulève des enjeux en terme d'accès aux collections mais aussi d'enrichissement de recherches documentaires.

Le grand précurseur européen du domaine est le Rijksmuseum, qui via une API (interface de programmation) permet une réutilisation des données et images du musée. L'utilisateur peut récupérer l'ensemble des données numériques produites par le musée pour développer son propre programme. Cette activité n'est certes pas à la portée de tous mais offre de réelles perspectives en matière de découverte et d'appropriation des œuvres.

De son côté, le gouvernement français propose des jeux de données liées à la culture via son portail data.gouv.fr. Ceux spécifiquement associés aux institutions muséales sont indexées sous le tag “musée”

On peut également citer l'initiative non institutionnelle “Les musées en France” [8]. Cette dernière se présente comme un “service de recherche basé sur un ensemble de données culturelles liées et publiquement accessibles”. Il s'agit, de fait, de regrouper en sous une même interface, les multiples données accessibles sur une structure. La fiche consacrée au Musée du Louvre permet, par exemple, d'accéder au compte Twitter de ce dernier, aux visuels associés au musée disponibles sur Wikimedia Commons, à des bibliographies ou encore à des œuvres associées à ce musée.

Enfin, le Centre Pompidou virtuel [9], en ligne depuis octobre 2012, revendique une démarche d'ouverture des contenus culturels à destination de ses publics. Son ancien président Alain Seban se défendant de vouloir en faire un musée virtuel mais bel et bien un “centre de ressources ouvert et décloisonné” dans lequel l'utilisation des technologies du web sémantique permet la construction d'une navigation par le sens de la part de l'internaute.