La classe, l'œuvre!

La classe, l'œuvre !

Valoriser les projets éducatifs artistiques et culturels

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L'art aux temps du corona

  • 2021 -
  • MUSÉE GIRODET -
  • Ecole primaire Maurice Meunier

Après avoir découvert les collections du musée, les élèves réinterprèteront les œuvres de leur choix sous la forme de tableaux vivants costumés et accessoirisés dont ils détourneront sensiblement le sens pour donner un témoignage de leur expérience de la crise sanitaire.

Le résultat prendra la forme d’une exposition de photographies mêlant tableau vivant, meme et bande-dessinée.

Œuvre étudiée

La Vierge aux anges - jacques Douet

Profane ou sacré
Assise à même le sol sous une tente rudimentaire, la Vierge Marie entoure l'enfant Jésus de son bras tandis que Saint Jean-Baptiste et quelques anges gravitent autour d'eux. Saint Jean-Baptiste vient de remettre à son petit cousin un papier sur lequel les mots "Agnus dei" annoncent son futur sacrifice sur la croix, représentée dans l'angle gauche du tableau. Mais combien d'histoires sommes-nous libres d'inventer face à cette représentation presque profane d'une scène sacrée !

Établissements

  • Ecole primaire Maurice Meunier RUE EMILE DECOURT 45200 Montargis 02 38 85 24 25

Compte rendu du projet et médiation

Avant la nuit européenne des musées

1.     Sur une proposition du musée Girodet, Fleur-Marie Lavergne, enseignante en classe de CE1 à l’école Maurice Meunier a accepté d’accompagner sa classe de 25, puis 24 élèves, dans la réalisation de ce projet mêlant tableau vivant, bande dessinée et mèmes.

La proximité immédiate entre le musée et l’école (10 minutes à pieds) a permis des échanges réguliers et directs qui ont pu être maintenus malgré la crise sanitaire, dans le respect des gestes barrières. 

2.     Le 2 octobre 2020, en période de déconfinement, la classe s’est rendue au musée pour la première fois afin de découvrir le lieu autour de la thématique « Drôles d’histoires » ! Scindé en deux, le groupe s’est réparti entre les espaces d’exposition pour suivre une visite guidée sur les histoires que l’on trouve dans un musée (réelles, fantastiques, légendaires, heureuses, tragiques, passées, contemporaines, etc.) et l’atelier de pratique, où ils ont appréhendé le travail de l’illustrateur en représentant les personnages principaux de l’histoire légendaire du chien de Montargis, sous la forme d’un petit retable en papier.

  • Cette première étape a permis aux élèves de prendre la mesure de la variété d’histoires qu’un musée peut raconter à travers ses œuvres, comme un prélude aux nouvelles histoires qu’ils devraient raconter à leur tour.
  • Les élèves ont beaucoup apprécié cette première expérience du musée, comme l’indiquent les témoignages recueillis par l’enseignante.

3.     De retour en classe, les élèves ont participé à une activité photographique en se glissant dans la peau de certains personnages peints par Girodet et ses élèves, grâce à l’application numérique du musée, que l’enseignante avait téléchargée pour mener l’activité. Les élèves devaient mimer l’émotion qu’ils ont ressentie pendant le premier confinement et rédiger une bulle pour expliciter leur émotion.

  • Cette séance photo ludique a permis aux élèves de faire un premier pas vers l’appropriation des tableaux du musée, la réalisation d’un tableau vivant (en se concentrant simplement sur l’expression du visage) et la formulation d’un témoignage de leur expérience de la Covid-19. Ces trois éléments étaient appelés à être développés par la suite dans le cadre du projet. 

4.     Le 15 décembre 2020, malgré le confinement et la fermeture des lieux culturels, le musée a exceptionnellement accueilli la classe pour poursuivre le projet, en ayant soin de recueillir les autorisations nécessaires préalables, tant du côté de l’éducation nationale que de celui du musée Girodet. Un strict respect des gestes barrières a été observé à cette occasion en gardant la classe entière dans de vastes espaces.

Le but de la séance consistait à introduire deux éléments auprès des élèves :

-        présenter en vidéo et en images (projection) des exemples de tableaux vivants professionnels, mais aussi et surtout des tableaux vivants réalisés par des amateurs, dans le cadre du concours Kunstenquarantaine qui s’est popularisé sur les réseaux sociaux pendant le premier confinement.

-        Expliquer le concept de détournement, si souvent présent dans les tableaux vivants du Kunstenquarantaine, qui contribue à donner aux chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art un sens nouveau et souvent humoristique.

Suite à cette introduction, les élèves ont suivi les médiateurs dans les salles en groupe entier pour revoir l’ensemble des œuvres exposées et procéder au vote de celles qu’ils souhaitaient refaire en tableau vivant.

  • Cette séance a posé les fondements du projet et pleinement motivé les élèves qui ont beaucoup apprécié les exemples montrés et imaginaient déjà la façon de traiter les tableaux de leur choix.
  • L’équipe du musée a profité de ce rendez-vous pour remettre aux élèves une feuille recto/verso d’informations à l’attention des parents pour leur expliquer les tenants et les aboutissants du projet et les inciter à faire des tableaux vivants, en lien ou non avec les œuvres du musée, pendant les vacances de Noël. En tout, 7 élèves ont joué le jeu et ont présenté leur travail en classe à la rentrée.

5.     Les vacances scolaires ont été mises à profit par l’équipe de médiation du musée et l’enseignante afin d’arrêter le nombre de tableaux vivants à traiter et la répartition des élèves par tableau vivant. Finalement, les 24 élèves et l’enseignante ont été répartis entre 8 « petits » tableaux/sculpture à détourner pour parler de l’expérience de la Covid-19 :

-        Le Mariage de la Vierge, par Henry de Triqueti, vers 1859, plâtre

-        La Vierge aux anges, par Edmond Douet (d’après Andrea del Sarto), XVIe siècle, huile sur bois

-        La Fuite en Egypte, par Louis de Silvestre, 1749, huile sur toile

-        Périclès et Anaxagore, par Charles-Nicaise Perrin, salon de 1791, huile sur toile

-        La Mort de Camille, par Anne-Louis Girodet, 1785, huile sur toile

-        Les Adieux de Girodet à son atelier, par Alexandre Menjaud, 1826, huile sur toile

-        Girodet peignant Pygmalion et Galatée, par François-Louis Dejuinne, 1822, huile sur toile

Ont également été sélectionnés deux grands tableaux remplis de personnages afin de rassembler les élèves et leur enseignante une seconde fois en les répartissant entre les deux tableaux, qui forment un pendant, sans faire intervenir de détournement, mais simplement en imitant les personnages, dans la mesure du possible.

-        Une Galerie de tableaux visitée par des amateurs (une avec vue sur un jardin, l’autre avec une vue sur une cheminée), par Hieronymus Janssens, XVIIe siècle, huiles sur toile

L’idée de faire paraître tous les élèves et leur enseignante une troisième fois dans un portrait individuel a été abandonnée, faute de temps. 

6.     Le 12 février 2021, la classe est revenue au musée, dans les mêmes circonstances exceptionnelles qu’à la veille des vacances, afin de se répartir en petits groupes devant les 8 œuvres choisies et songer à la façon d’en faire des tableaux vivants grâce à une feuille de route réalisée par la médiatrice du musée, qui mettait l’accent sur :

-        La répartition des rôles entre les élèves

-        Les accessoires et vêtements nécessaires pour imiter ceux des personnages

-        Les éléments de décor à prendre en compte

-        Les expressions à mimer

-        La nouvelle histoire à inventer, en lien avec l’expérience des élèves de la Covid-19, en détournant l’histoire initiale 

  • Pour ce temps de réflexion, l’équipe du musée et les parents accompagnateurs ont soutenu les élèves dans leur prise de note et leurs idées. Les élèves ont eu le sentiment de commencer à concrétiser leur projet et ont rivalisé d’imagination pour donner aux œuvres un sens nouveau en lien avec leur expérience de la Covid-19.

Une fois le travail fait, la classe entière s’est retrouvée devant les deux tableaux de Hieronymus Janssens que la médiatrice a rapidement présentés de façon ludique et interactive.

  • Le temps n’ayant pas permis aux élèves de réfléchir aux accessoires et vêtements nécessaires pour ces deux grands tableaux, la médiatrice s’est rendue sur place à l’école quelques jours après pour faire le point avec chaque élève, individuellement, en circulant de table en table.

7.     A l’issue de ce double rendez-vous, l’équipe de médiation a repris l’ensemble des feuilles de route et retranscrit dans un tableau toutes les idées des élèves en pointant le matériel disponible au musée et le matériel manquant à trouver, parmi les élèves. L’histoire détournée par les élèves a également été retranscrite en respectant leurs mots (lorsque leur pensée était suffisamment aboutie). L’enseignante et la médiatrice ont régulièrement échangé pour rassembler le plus de matériel possible dans la perspective des séances photos à venir. La question des perruques se posant pour l’ensemble des élèves, afin de reproduire au mieux les personnages des deux grands tableaux de Hieronymus Janssens, il a été décidé d’organiser un atelier de pratique artistique pour y remédier. 

8.     Le 19 mars 2021, les élèves sont revenus au musée, dans les mêmes circonstances que précédemment, pour participer à un atelier de fabrication de perruque en papier, accessoire indispensable à la reproduction des deux tableaux de Hieronymus Janssens. La classe a été scindée dans deux ateliers aménagés pour l’occasion, afin de respecter les consignes sanitaires et chaque élève a appris à friser du papier pour constituer sa perruque, en suivant le modèle « femme » ou « homme » selon le personnage à reproduire.

  • Cette parenthèse plastique dans le projet a été grandement appréciée par les élèves, l’enseignante et les parents accompagnateurs. Les élèves ont eu la satisfaction d’apprendre une nouvelle technique qu’ils ne connaissaient pas et de créer un objet qu’ils avaient hâte de pouvoir porter, puis ramener chez eux. Les témoignages d’impression recueillis par l’enseignante montrent que l’atelier a été un réel succès.
  • A cette étape, il ne manquait plus qu’à rassembler les quelques accessoires manquants et fixer une date pour les prises de vue !

9.     La fermeture anticipée des écoles nous a contraint à recevoir les élèves plus tard que prévu, les 29 et 30 avril, dans la matinée, afin de procéder aux photos. Tous les décors avaient été préalablement installés, avec les costumes adéquats, par l’équipe de médiation du musée, afin de gagner du temps.

Le jour des deux séances, la classe entière a été installée dans la grande salle d’exposition temporaire du musée où les élèves se sont partagés en trois groupes : coloriage, puzzles, jeux en bois et lecture, sous la surveillance des agents d’accueil du musée et des parents accompagnateurs. Entre temps, l’équipe de médiation a pris les petits groupes un par un pour les habiller, les placer dans leur décor et les photographier, avec une tablette, un appareil photo et un téléphone afin d’avoir un maximum d’options concernant les prises de vue.

  • L’habillage a parfois été complexe (agencement des drapés à l’antique, par exemple), d’autres fois, l’adoption de certaines postures difficiles posait problème, mais tous les groupes ont donné des résultats très satisfaisants !
  • Les 8 photos de groupes ont pu être réalisées dans les temps, ainsi que les 2 grandes photos en demi-classe le lendemain, qui nécessitaient un plus long temps de préparation pour costumer tous les élèves.
  • Les élèves ont tous été ravis de faire aboutir leur projet. L’étape des déguisements et de la pose pour la photo leur a tout particulièrement plu.

Après la nuit européenne des musées

Dans l’après-midi du samedi 3 juillet, l’équipe de médiation du musée a installé les tirages photographiques des tableaux vivants réalisés par les élèves dans les salles, tout au long du parcours, près des œuvres originales qui les avaient inspirés. Le début du parcours présentait, quant à lui, les portraits des enfants, faits avec l’application numérique du musée et leur retable illustré sur la légende du chien de Montargis, réalisé lors de leur première visite au musée. En complément, la fin du parcours présentait une soixantaine de photos illustrant les coulisses du projet, du début à la fin.

Le soir de la Nuit des musées, les élèves volontaires se sont présentés à 17h devant le musée afin de faire une répétition générale de la visite qu’ils mèneraient une heure plus tard, en présence de leurs parents. Les élèves étaient tous invités à parler de leur expérience au musée et à présenter, chacun leur tour, une petite étape du projet ou une de leur réalisation en précisant, pour chaque tableau vivant, l’histoire d’origine et la nouvelle histoire qu’ils avaient inventée.

A l’issue de cette répétition, les enfants ont profité d’un goûter organisé par le musée - l’occasion de reprendre des forces avant le grand moment !

A 18h, alors que le musée était fermé au reste du public, les enfants, accompagnés de l’enseignante et de la médiatrice, ont mené une visite d’une demi-heure pour un premier groupe composé d’une trentaine de parents, grands-parents, frères et sœurs. A 18h30, les élèves ont mené une seconde visite pour un groupe de parents plus restreint (environ 15 personnes).

L’enthousiasme des élèves était communicatif et l’ensemble des parents a été surpris et impressionné par la qualité des productions de leurs enfants, en particulier ceux qui ne connaissaient pas le musée avant ce soir-là. Certains élèves ont vaincu leur timidité pour s’exprimer sur leur travail, d’autres ont profité de ce moment pour montrer une facette moins connue de leur personnalité.

En résumé l’opération de médiation a été un franc succès, malgré la rapidité de la déambulation dans les salles pour tenir le temps imparti, déambulation qui s’est conclue par la remise d’un petit livret récapitulatif du projet, rassemblant les 10 tableaux vivants réalisés par les élèves, au côté des dix œuvres originales (livret à retrouver en pdf). Ce petit livret était accompagné de 2 entrées gratuites valables tout l’été pour les inviter à revenir voir le travail de leurs enfants, ainsi que de la programmation estivale du musée, afin d’informer les familles des activités pensées pour elles.

Le musée Girodet est tellement fier de ce projet qu’il a décidé de le garder exposé dans sa grande salle d’exposition temporaire tout le mois de juillet afin d’en faire profiter le plus grand nombre.