
La Fabrique des images
- 2023 -
- Musée & Jardins Cécile Sabourdy -
- Ecole primaire publique
Les élèves de CM1 et CM2 de l’école de Vicq-sur-Breuilh ont découvert toute la palette des valeurs dont on investit les objets : valeur affective, mémorielle, scientifique, financière, symbolique... Autant de couches de lecture épluchées et décortiquées par les élèves pour comprendre de quelle manière nous enveloppons les objets d’histoires, de profondeur et de mystère.
Des objets "populaires", choisis par les élèves, sont devenus les héros pleins de fantaisie de nouvelles mythologies, avec leurs rites, leurs écrins, leurs histoires...
A la clé : 4 mini-films réalisés avec le vidéaste Vincent Gallet et une parade finale à travers le musée et le bourg de Vicq/ Breuilh le vendredi 2 juin prochain.
Disciplines :
Domaines artistiques :
Œuvre étudiée
Les Ostensions Limousines
Germaine Coupet dite Existence (1890-1976)
Peintre naïve par excellence, elle se plait à dessiner la vie à la ferme et aux champs, les moments et les fêtes qui ponctuent cette vie rythmée par le cycle de la nature. Avec ce dessin, elle livre la trace personnelle d’une tradition qui perdure depuis plusieurs siècles en Limousin, celle des ostensions septennales. Cette tradition religieuse et populaire est aujourd’hui inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.
Établissements
- Ecole primaire publique 87260 Vicq-sur-Breuilh 05 55 00 66 76
Compte rendu du projet et médiation
Avant la nuit européenne des musées
L’exposition « Dédales - une collection singulière en Limousin » présentée depuis décembre 2022 au Musée Cécile Sabourdy expose des pièces qui ont été réunies par le collectionneur Thierry Coudert. Ces objets à l’identification complexe et à l’aura surprenante nous invitent à explorer des univers et des croyances nombreuses et surtout à nous inventer des histoires.
Le projet hebdomadaire d’Education Artistique et Culturelle « La Fabrique des images » mené par le Musée Cécile Sabourdy auprès des deux classes de CM de la commune, fait parler les images et interroge les multiples valeurs attribuées à des objets aussi bavards que mystérieux. Ils sont la trace, le témoignage d’une mémoire personnelle ou collective : leur diversité culturelle, leur lien à diverses croyances rendent pertinent un rapprochement avec l’événement traditionnel et local des Ostensions septennales limousines, prévues en 2023.
Cette parade religieuse prend place en Limousin dès la fin du Xème siècle et réunit les populations autour des restes matériels de leurs Saints et autour d’une aspiration commune : échapper à une terrible pandémie. Le spirituel, le rituel et le matériel s’allient dans cette quête du salut, non pas de l’âme, mais de la vie. L’ostension, pris en tant que phénomène collectif de monstration, permet d’évoquer l’idée de « relique » dans une acceptation plus large et poétique que sa définition strictement sacrée. La collection Thierry Coudert peut être perçue comme un ensemble de reliques, au sens étymologique de « ce qui reste » : objets « précieux » dont la conservation mais aussi la présentation publique apparaissent nécessaires. Ce projet EAC se détache du caractère religieux de la tradition ostensionnaire, pour l’envisager d’un point de vue culturel et social : aborder l’œuvre d’art comme une relique fédératrice, témoignage incomplet d’un passé, d’une mémoire auxquels on attache un grand prix, une grande importance.
Au plan plastique, les élèves ont été invités à créer des objets-reliquaires à partir d’objet choisis en ressourcerie, sélectionnés par les enfants sur le principe de la collection. Ils ont ensuite inventé une histoire autour de chacun des objets, imaginant pourquoi cet objet d’apparence ordinaire avait un caractère hors du commun et méritait d’être conservé dans un écrin précieux. La production de ce dernier a fait l’objet de plusieurs séances de création. Ces objets-reliquaires ont pris la forme de châsses revisitées, de boîtes-miniatures, de cloches décorées, historiées. Après avoir conçu ces objets précieux, les enfants apprennent à les faire parler en les mettant en scène sous forme audiovisuelle : des pastilles poétiques, publicitaires ou humoristiques, pensées et tournées avec l’aide d’un vidéaste professionnel.
La restitution finale de cette « Fabrique des images » est la parade : ostension profane au cours de laquelle sont montrés et solennisés les objets que l’on offre au regard. Sa dimension théâtrale est explorée ainsi que les différentes manières de produire un effet sur le public : costumes, gestuelle, écrins spectaculaires....
La nuit européenne des musées fera office d'avant-première !
Chaque élève a intégré une œuvre de l’exposition « Dédales - Une collection singulière en Limousin » à la narration produite pour son objet-relique, lui-même source d’une réalisation plastique : l’écrin-reliquaire. « La tête » prélevée dans l’exposition « Dédales» représente l’un des protagonistes de chaque récit. Les élèves volontaires pour participer à la Nuit des Musées ont pour mission de transmettre aux visiteurs les récits imaginaires qu’ils ont brodés autour de la collection, puis de présenter leurs sources d’inspiration à travers une lecture d’œuvre plus académique faisant appel aux notions d’histoire des arts qu’ils ont acquises au cours du projet. L’écrin-reliquaire associé à chaque récit et les pastilles-vidéos réalisées au cours du projet seront également présentées au public. Au-delà de la médiation orale et de la production devant le public des courts-métrages et objets-reliquaires, les élèves valoriseront certaines « traces » du projet : les dictées dessinées à partir du dessin d’Existence sur les ostensions, dessins d’observation de leur objet-relique à sacraliser etc.
L’exercice de médiation-restitution proposé aux élèves lors de la Nuit des Musées les conduit à partager leur expérience sur un travail de création pluridisciplinaire réalisé sur un temps long, celui d’une année scolaire. Un projet qui leur a permis d’entretenir en un lien étroit, personnel et presque intime avec les œuvres du musée de la commune de leur école.
Après la nuit européenne des musées
Restitution finale le vendredi 02 juin avec une ostension laïque et profane des objets-reliquaires réalisés par les élèves, dans les jardins du musée et dans le bourg du village. Une parade festive en costumes et en chants pour célébrer la puissance des récits et des histoires que l’on s’invente et des images que l’on fabrique pour habiter le monde avec poésie, fantaisie et magie.
La restitution se prolongera dans les salles du musée avec le visionnage des courts métrages conçus lors du projet avec le réalisateur-vidéaste.