Fripes à la romaine,  projet d’éducation au Développement Durable.

À l’origine… Ce projet cherche à sensibiliser les élèves du lycée agricole Acaf-MSA à la consommation responsable et aux préoccupations environnementales, auxquelles la Fashion Mode n’échappe pas, et même, contribue. En effet, l’industrie du prêt-à-porter sévit souvent très éloignée des 17 objectifs fixés par l’ONU, qui encadrent le Développement Durable (DD) ; par ailleurs, des gestes simples, de petits changements de comportement de notre part et de la part des plus jeunes, sont susceptibles de contribuer grandement, eux, à ces objectifs.

Tout l’enjeu était là : que nos élèves prennent conscience à la fois des excès du monde dans lequel ils et elles vivent, et du potentiel d’action que nous avons tou.te.s de l’impacter, de le modifier et l’humaniser. Le tout dans un contexte plaisant, celui de la mode et de ses couleurs, ses époques, des frasques de son faste et de son fast (fashion).

Dans cette perspective, quel meilleur environnement que celui des sites archéologiques de notre ville ? Quel plus beau cadre que ces ruines deux fois millénaires pour parler de l’éphémère, quand il s’agit des vêtements que nous consommons plus que nous ne les portons ?

Ensuite… Un contact se crée dès lors avec le musée archéologique de Vaison-la-Romaine durant l’été 2021. Une première rencontre qui réunit l’équipe des médiateurs pour présenter notre établissement. L’adhésion au projet est immédiate. Celui-ci se dessine alors sous forme d’un défilé de vêtements dits « de deuxième main », sur le site du Puymin, en l’associant au à la Nuit européenne des Musées.

Deux visites du site archéologique et du musée sont dès lors immédiatement organisées par le Bureau des guides, où l’accent sera particulièrement mis sur les tissus, les teintures, le tissage et aussi la coiffure dans l’antiquité romaine, en veillant à créer à tout moment des liens avec le DD et des considérations écologiques. Les élèves se montrent intéressé.e.s ; ils/elles sont réceptif.ve.s aux problèmes soulevés ; un fil les unit à des femmes et à des hommes d’il y a 2000 ans et plus.

Dans le même temps, des référents en matière de création de mode, d’organisation d’événements ou de récupération de vêtements, vont intervenir au lycée. Ainsi, c’est d’abord Clément, de La Couture du garçon (Vaison-la-Romaine) qui viendra par deux fois présenter son activité, son parcours et partager sa passion avec les élèves, les accueillant aussi dans son atelier. C’est ensuite Isabelle BONTEMPELLI qui nous donnera beaucoup de son temps pendant près de trois semaines, afin de nous éclairer sur l’organisation d’événements, de défilés en particulier, et en nous accompagnant entre autres à la boutique Maola, magasin de fripes avec qui nous prolongeons encore maintenant une très agréable collaboration. Et c’est finalement Estelle BOUDES, de l’atelier Ciboulette et la boutique associative Folle Avoine (Nyons), créatrice de chapeaux et accessoires confectionnés à partir de tissus et textiles réutilisés, qui interviendra en classe.

Finalement… Le projet va beaucoup évoluer, des élèves des classes de CAPa 1 et de Seconde vont y prendre une part active, aux côtés de la classe de terminale, mais avec le temps il acquerra aussi des dimensions plus humbles. Et c’est sous la forme d’une exposition de « photos de mode d’occasion » qu’il est présenté aujourd’hui. En chemin, nous avons encore eu l’occasion de replonger dans la romanité en compagnie des guides conférenciers du musée, qui nous ont ouvert les portes du site et guidés de façon très individualisée à plusieurs reprises.

La réalisation ne ressemble pas tout à fait à l’idée que nous nous en faisions au début. Cependant, le projet a marqué un fil conducteur et les consciences. Tout au long de l’année, il a fonctionné comme une trame autour de laquelle sont venues se greffer tout type d’actions pédagogiques et de réflexions. Il a surtout mis en exergue l’écoulement du temps, et des valeurs très humaines qui se perpétuent. Enfin, il a conduit nos élèves à porter un regard empreint de respect sur ce qui est durable et les responsabilités de chacun.e d’entretenir et de transmettre. Nous comprenons mieux maintenant que le DD s’inscrit dans les grands cycles de l’histoire et du patrimoine ; à moins que ce ne soit l’inverse.

David MOREAU

Formateur DD, Acaf-MSA