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Pour mémoirePour mémoire

Les 8 mai 1945

Introduction : justifier le pluriel

Comme d’autres jours de l’année la date du 8 mai renvoie à un événement connu, ancré dans la culture et la mémoire collective, au point sans doute qu’il n’est nul besoin de préciser le millésime.

L’université de Guelma en Algérie a été baptisée « université du 8 mai 1945 » et son adresse postale est « avenue du 19-mai-1956 », rappel de la journée de grève historique des étudiants algériens organisée par le Mouvement de libération nationale. Bien que nous soyons loin de Berlin, la date du 8 mai est ici hautement symbolique et rappelle un autre événement, une autre glorification que celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une autre mise en mémoire et même une opposition des mises en mémoire, selon que cette dernière est algérienne ou française.

Le 8 mai 1945, la Seconde Guerre mondiale se termine en Europe par la victoire des Alliés et l’effondrement de l’Allemagne nazie, quand l’Italie fasciste était déjà hors d’état de poursuivre la lutte depuis plusieurs mois. Six années de guerre marquées par des atrocités inimaginables touchant tant les militaires que les civils mettent fin à ce que des historiens envisagent aujourd’hui comme appartenant à une guerre civile européenne longue de trente ans (Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Éditions des Syrtes, 2000 et Enzo Traverso, À Feu et à sang : de la guerre civile européenne, 1914-1945, Paris, Stock, 2007). Dans la conception des nouveaux programmes des classes de premières, le 8 mai 1945 peut effectivement fermer une guerre commencée dans les Balkans vers 1911-1912 et dès lors permettre un basculement vers la construction européenne dont il devient une étape.

L’ambition de ce dossier est de présenter, documents iconographiques et filmiques à l’appui, la façon dont se clôt ce conflit. Comment finir une guerre ? Voici la question posée à des Alliés séparés en plusieurs fronts. Les enjeux militaires importants, parfois aux contenus symboliques, les relations déjà compliquées entre les futurs vainqueurs, la situation d’un pays comme la France, le devenir de l’Allemagne s’organisent autour de cette date devenue repère en Europe, celle de la disparition des totalitarismes fascisants. Commémorer le 8 mai semble alors une évidence. Mais pourtant, la date ne s’impose pas de façon claire dans un calendrier chargé en dates repères. Comment le 8 mai devient-il une date aujourd’hui fériée dans le calendrier français ? L’est-il dans d’autres pays anciens belligérants ? Quelle signification, quelle place la date du 8 mai prend-elle dans l’espace mémoriel européen et particulièrement français, espace devenu concurrentiel ?

Le 8 mai prend aussi d’autres dimensions. Dans le cadre colonial, les événements de Sétif, de Guelma et de l’ensemble du Constantinois occupent une place particulière : mémoire longtemps occultée de ce côté de la Méditerranée, mémoire longtemps surestimée du côté des officiels algériens issus du conflit, mémoire revendiquée pour lui donner une lisibilité pour les populations civiles victimes des événements.

L’approche du 8 mai n’est donc pas simple car elle suppose d’ouvrir le champ de recherche à des chronologies larges (guerres mondiales, déroulement et mémoires, relations Est-Ouest en formation, construction européenne, processus de décolonisation déjà engagé…). Cependant l’historien peut aussi porter un regard attentif aux trajectoires des hommes du 8 Mai que les photographies, les images cinématographiques, les interventions radiodiffusées, les articles de journaux ont immortalisés. Nous proposons à la fois un ensemble de biographies succinctes des acteurs des événements du 8 Mai, mais également quelques documents commentés dont l’utilisation pédagogique peut se montrer pertinente dans un traitement de la Seconde Guerre mondiale devenu si court dans nos programmes scolaires.

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Conception et réalisation du dossier


Auteur : Pierrick Hervé
Chargée de mission : Marie-Christine Bonneau-Darmagnac
Chef de projet éditorial : Bernard Clouteau et Emmanuel Lancry
Iconographe : Laurence Geslin
Graphiste / Intégration technique / Intégration éditoriale : Unité de production web
Secrétaire de rédaction : Sophie Roué