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Le 50e Anniversaire du traité de l’Élysée et les relations franco-allemandes

Introduction

Un demi-siècle de relations étroites entre deux pays habitués à la routine des rencontres bilatérales ont conduit les commentateurs politiques à reproduire les mêmes clichés langagiers pour évoquer l’amitié franco-allemande. À l’ouest du Rhin, on parle de « couple franco-allemand », tandis que sur la rive droite, on évoque plus volontiers le « Deutsch-französisches Tandem ». Les deux métaphores contiennent chacune leur part de vérité. Dans un couple, on s’aime, on se brouille et on se réconcilie. Sur un tandem, il faut savoir pédaler en rythme pour ne pas tomber. On peut aussi se demander qui domine le couple et qui donne le rythme !
Cinquante ans d’amitié franco-allemande ont imposé l’image inverse de celle qui dominait à l’origine : deux nations hostiles, qui se sont affrontées à trois reprises pour défendre la ligne bleue des Vosges ou le « Deutscher Rhein ». Les deux images, celle des ennemis héréditaires comme celle de l’idylle, sont trop caricaturales et réductrices pour rendre compte de l’histoire des relations franco-allemandes dans la longue durée. Il est vrai que si les deux nations se sont constituées à des périodes différentes et selon des processus qui leur sont propres, elles ont chacune toujours regardé ce qui se passait de l’autre côté du Rhin, parfois avec sympathie, souvent avec méfiance. La Révolution française a été reçue avec sympathie jusqu’en Prusse. Les armées napoléoniennes ont-elles été accueillies avec moins de bienveillance, voire de l’hostilité, même si elles se présentaient comme porteuses de liberté ? Pour reprendre le mot de Robespierre : « Les peuples n’aiment pas les missionnaires armés. » Les révolutions libérales et démocratiques du XIXe siècle, particulièrement celles de 1848, ont été porteuses d’un idéal de paix universelle. Paris était devenue, pour un temps, le refuge des libéraux allemands qui, avec les artisans, ont constitué une colonie importante dans la capitale.
Depuis la guerre franco-prussienne et le désir de revanche, ces périodes de connivence ont été balayées. Les manuels scolaires, mais aussi des travaux érudits, ont rarement résisté à une interprétation téléologique d’une histoire qui, du serment de Strasbourg à la dépêche d’Ems, en passant par le traité de Westphalie, conduisait à un affrontement millénaire entre les deux nations. On sait aussi que le chancelier Bismarck réactiva le concept d’« Erbfeind » (ennemi héréditaire) pour imposer aux Allemands du Sud et du Rhin la vision prussienne de l’unité. Cette dénonciation était d’abord une machine de guerre à usage interne. En France, le chauvinisme activé par la défaite a toujours tendu à prendre une partie pour le tout et les Allemands furent longtemps réduits à leur caricature infamante de « Pruscos », de « Boches » ou de « nazis ». L’histoire des relations franco-allemandes est plus complexe que ces visions tranchées. Même aux moments les plus dramatiques de la confrontation, il y eut toujours des francophiles et des germanophiles dans les élites nationales et à tous les échelons des sociétés civiles pour remettre en cause les idées dominantes et plaider pour la coopération. Les deux nations ont exercé l’une sur l’autre autant de rejet que de fascination, même si les Briand et les Stresemann ont connu moins de succès que leurs homologues va-t’en guerre.
Dans une première partie, nous essayons d’éclairer à travers un choix documentaire sur quelques moments forts de cette histoire la complexité de la relation franco-allemande, de la fin du XVIIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale.
La deuxième partie est consacrée à l’amitié franco-allemande dont le traité de l’Élysée est à la fois le cadre et le symbole. Ce texte, signé par de Gaulle et Adenauer en 1963, a connu un destin particulier qui dépasse sa nature d’accord diplomatique entre deux États. En effet, les dispositions du traité ne se limitent pas à des actions de coopération intergouvernementale qui ne toucheraient que les administrations concernées. Il engage aussi les sociétés civiles, les femmes et les hommes, au plus près de leurs activités. Les jumelages, les voyages scolaires, les échanges universitaires, l’apprentissage de la langue de l’autre ont trouvé un large écho dans la jeunesse des deux pays. La coopération culturelle et scientifique prévue par les rédacteurs est devenue une réalité. On pourrait aussi trouver d’autres exemples de réalisations : dans le domaine militaire, avec la création de la brigade franco-allemande et, bien sûr, dans les domaines économique et industriel. La vitalité du traité de l’Élysée se manifeste aussi par les nombreuses célébrations dont il a été l’objet. Ses 10e, 25e et 40e anniversaires ont en effet été l’occasion de renforcer les pratiques de coopération. Enfin, le tandem franco-allemand a joué un rôle fondamental dans la poursuite et la relance de la construction européenne.
Les documents et les activités proposées dans les pages qui suivent n’ont pas la prétention d’épuiser le sujet ni d’écrire une histoire des relations franco-allemandes. Ils sont là pour mettre en perspective le demi-siècle qui vient de s’écouler et pour donner envie aux enseignants et à leurs élèves de poursuivre la recherche et les aider à comprendre l’Europe dans laquelle ils vivent. 

Conception et réalisation du dossier
Auteurs : Caroline Doublier, professeur agrégée d’histoire
Claude Robinot, professeur agrégé et formateur dans l’académie de Versailles
Chargée de mission : Marie-Christine Bonneau-Darmagnac
Chef de projet éditorial : Tania Lécuyer
Secrétaire de rédaction : Nathalie Bidart
Iconographe : Adeline Riou
Graphisme / Intégration technique / Intégration éditoriale : Unité de production web

Image du dossier : Les signatures et sceaux officiels du chancelier allemand Konrad Adenauer et du président français Charles de Gaulle sur le document original du traité de l’Élysée.
© Andreas Altwein/DPA/AFP.

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