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« Comment on cultive en Gaule les plants d’arbres mariés aux vignes », Columelle, De re rustica, V, 7

Est et alterum genus arbusti Gallici, quod vocatur rumpotinum ; id desiderat arborem humilem nec frondosam. Cui rei maxime videtur esse idonea populus ; ea est arbori acernae similis. Quin etiam cornus et carpinus et ornus, nonnunquam et salix, a plerisque in hoc ipsum disponitur, sed salix nisi aquosissimis locis, ubi aliae arbores difficiliter conprehendunt, ponenda non est, quia vini saporem infestat. Potest etiam ulmus sic disponi, ut adhuc tenera decacuminetur, ne altitudinem quindecim pedum excedat. nam fere ita constitutum rumpotinetum animadverti, ut ad octo pedes locis siccis et cliuosis, ad duodecim locis planis et uliginosis tabulata disponantur.Plerumque autem ea arbor in tres ramos dividitur, quibus singulis ab utraque parte conplura brachia summittuntur. Tum omnes paene virgae, ne obumbrent, eodem tempore, quo uitis putatur, abraduntur. Arboribus rumpotinis, si frumento non inseruitur, in utramque partem xx pedum spatia interveniunt ; at si segetibus indulgetur, in alteram partem XL pedes, in alteram XX relinquuntur. Cetera simili ratione atque in arbusto Italico administrantur, ut uites longis scrobibus deponantur, ut eadem diligentia curetur atque in ramos deducatur, ut noui traduces omnibus annis inter se ex arboribus proximis committantur et ueteres decidantur. Si tradux traducem non contingit, media virga inter eas deligetur; cum deinde fructus pondere urguebit, subiectis adminiculis sustineatur. Hoc autem genus arbusti ceteraeque omnes arbores quanto altius arantur et circumfodiuntur, majore fructu exuberant ; quod an expediat patri familiae facere, reditus docet. 

VII. Il y a dans les Gaules une autre espèce de plants d'arbres mariés aux vignes, et qu'on appelle rumpotin : il exige des sujets de petite taille et peu garnis de feuillage. L'obier surtout paraît propre à cet usage : c'est un arbre semblable au cornouiller. Au surplus, la plupart des vignerons ont recours, pour le même service, au cornouiller, au charme, à l'orme, et quelquefois au saule. Quant à ce dernier arbre, il ne faut s'en servir que dans les localités marécageuses, où les autres arbres ne prennent que difficilement, parce qu'il altère la saveur du vin. On peut aussi recourir à forme, pourvu qu'on l'étête dans sa jeunesse, afin qu'il n e s'élève pas au delà de quinze pieds. Or, j'ai remarqué que le rumpotin est constitué de manière que ces étages ne vont qu'à huit pieds dans les lieux secs et sur les pentes, et à douze sur les plaines et dans les terrains humides.L'arbre se divise ordinairement en trois branches, à chacune desquelles on conserve de chaque côté plusieurs bras; puis on retranche presque tous les autres rameaux qui donneraient trop d'ombre à l'époque de la taille des vignes. Si on ne sème pas de grains sous les rumpotins, on laisse entre eux une distance de vingt pieds de chaque côté; mais si on y cultive des céréales, on étendra cet intervalle à quarante pieds d'un côté et à vingt de l'autre. Les autres pratiques sont les mêmes que celles qui sont usitées en Italie : ainsi on plante les vignes dans de longues fosses, on leur donne les mêmes soins, on les dispose sur les branches de l'arbre; tous les ans on fait passer aux arbres voisins de nouveaux sarments, et l'on coupe les anciens. Si l'un de ces sarments ne peut atteindre le sarment voisin, on les réunit à l'aide d'une baguette à laquelle on les attache. Lorsqu'ensuite ils fléchissent sous le poids des grappes, on les soutient au moyen d'appuis qu'on a placés au-dessous. Cette espèce de plant et tous les autres arbres fructifient d'autant plus qu'on les laboure plus profondément, et qu'on bêche plus assidûment autour de leur pied. La culture prouve au chef de famille les avantages de ce travail.

Traduction par M. Louis Du Bois - C. L. F. Panckoucke, 1844