1638 Morts pour la France de Haute-Vienne en 1917

1917 : l’échec de l’offensive Nivelle et l’attente des Américains

” Le visage de la guerre au début de 1917 n’a pas beaucoup évolué par rapport à celui qu’il offrait au monde au début de 1915, quand l’apparition des tranchées avait divisé l’Europe en deux camps armés. (…). En France, aucun changement n’est intervenu. Les endroits où les armées se sont battues en 1914, à savoir l’Yser, les bas plateaux flamands, la crête de Vimy, les hauteurs calcaires de la Somme, l’Aisne et le Chemin des Dames, la Meuse à Verdun, les forêts de l’Argonne, les montagnes de l’Alsace, demeurent les points d’ancrage de la ligne de tranchées.” Source : La Première Guerre mondiale, John Keegan, éditions Perrin, septembre 2013, page 381.

L’enlisement sur le terrain ne signifie pas absence de changement, au contraire l’année 1917 est riche en bouleversements au niveau des hommes et des idées. Le général Nivelle qui en France a remplacé le maréchal Joffre au commandement suprême promet une rupture décisive du front… Malgré l’usage très intensif de l’artillerie, l’offensive du Chemin des Dames déclenchée le 16 avril est un terrible échec, c’est “le massacre de trop” (1). Dans les semaines qui suivent éclatent des mutineries dans l’armée française, une “grève des tranchées” qui traduit une immense lassitude de la guerre. Dès le 29 avril, le général Nivelle est remplacé par le général Pétain qui sera amené à prendre des mesures pour rétablir le moral des troupes et à adopter une stratégie défensive en attendant que les troupes américaines, qui débarquent en France depuis l’entrée en guerre des États-Unis le 6 avril, ne soient opérationnelles.

On retiendra également de cette année 1917, que dans les deux camps, les populations aspirent à la paix, mais que toutes les initiatives dans ce sens vont échouer car les gouvernants ne sont pas prêts à faire des concessions pour y arriver. Mais dans une Russie épuisée par le conflit, la crise politique s’aggrave et se transforme en révolution en février et en octobre 1917. Les bolchéviques qui ont pris le pouvoir proposent un armistice aux puissances centrales et ouvrent des négociations de paix. La sortie de la Russie de la Première Guerre mondiale permet à l’Allemagne de transférer la plupart des divisions à l’est vers le front occidental, dans la perspective d’une grande offensive au printemps 1918.

(1) Titre du chapitre pages 135-164 du livre de Jean-Yves Le Naour  : 1917, la Paix impossible. Éditions Perrin, octobre 2015.

Une année relativement moins meurtrière

Pour les soldats de Haute-Vienne, l’année 1917 est la moins meurtrière depuis le début de la Grande Guerre : avec 1638 Morts, elle se situe à des niveaux deux fois inférieurs à ceux de 1914 et 1915, et à près de 30% de moins de celui de 1916. Mensuellement, 87% des pertes se concentrent sur les 8 mois de l’année qui vont de mars à octobre, avec en particulier un bond en avril à 388 Morts lors de l’offensive Nivelle.

Les dates de décès

Quand on se penche sur le détail des pertes journalières, on comptabilise 40 jours sans Morts (essentiellement pendant les mois d’hiver) contre seulement 7 en 1916. À l’opposé, le 16 avril 1917, jour du déclenchement de l’offensive Nivelle, est le plus meurtrier de l’année avec 78 Morts. Il est  suivi par le 20 août 1917 qui de façon isolée enregistre 45 Morts lors du lancement de la seconde bataille de Verdun. Les trois autres jours à plus de 30 Morts se situent dans le prolongement de la bataille du Chemin des Dames, les 17 et 19 avril et le 5 mai.

Les lieux de décès

Les départements de décès reflètent les lieux des principales batailles de l’année. Sur le premier semestre 1917, les 1003 Morts se concentrent sur deux départements : l’Aisne avec 382 Morts (38,1%) et la Marne avec 367 Morts (36,6%).

Sur le second semestre, le nombre de Morts est moins important et il est plus dispersé dans l’espace : la Meuse enregistre 204 Morts (32,1%), viennent ensuite l’Aisne avec 149 Morts (23,4%) et la Marne (12,9%).

On notera la présence de quelques Morts à l’étranger, en captivité en Allemagne où dans les combats qui se déroulent dans les Balkans (Serbie, Grèce, Macédoine), ainsi que dans le réduit encore libre de la Belgique (31 Morts au second semestre, soit près de 5% du total de la période). Les troupes franco-anglaises envoyées à partir de novembre 1917 pour soutenir l’allié italien, suite à la très lourde défaite de Caporetto, ne se soldent que par 3 Morts. Il faut cependant y ajouter ceux de  la plus grande catastrophe ferroviaire en France qui s’est produite dans la nuit du 12 au 13 décembre 1917 à Saint-Michel-de-Maurienne en Savoie et qui a vu un train de permissionnaires de retour du front italien dérailler, s’écraser et prendre feu entrainant 22 Morts pour les soldats de Haute-Vienne (sur un total officiel de 425 Morts).

Les 28 principaux lieux de décès se situent pour la plupart sur la ligne de front de l’année 1917 : on y trouve les principaux lieux de combats dans l’Aisne liés à l’offensive Nivelle (Vauxaillon, Craonne, les plateaux de Laffaux et de Vauclerc, le Chemin des Dames, Berry-au-Bac, Cerny et Ailles) ; dans la Meuse il s’agit de la seconde bataille qui se déroule à l’avant de Verdun (bois d’Avocourt, Bois des Caurières, Champneuville, Esnes) ; dans la Marne on retrouve des lieux tristement célèbres depuis le début du conflit (fort de la Pompelle, Saint-Hilaire-le-Grand, butte de Souain) et ceux liés à la bataille des monts de Champagne le long du massif de Moronvilliers (Prosnes, Aubérive, Mont Cornillet, Mont sans Nom, Mont Haut). À l’arrière du front, on trouve les blessés et malades décédés dans les hôpitaux de Limoges, Soissons et Châlons-sur-Marne et le cas particulier de l’accident de chemin de fer de Saint-Michel-de-Maurienne.

La bataille du Chemin des Dames du 16 avril au 24 octobre 1917

La bataille des Monts de Champagne du 17 avril au 20 mai 1917

La seconde bataille de Verdun du 20 août au 18 septembre 1917

Les régiments des Morts de Haute-Vienne

Dans la répartition des Morts selon les types de régiments, on retrouve l’idée que l’on meure d’abord dans l’infanterie au sens large (active, réserve, territoriale, chasseurs, coloniaux), mais il y a une tendance au recul de cette part dominante : 85% des décès en 1917, contre 90% en 1916 et plus de 94% en 1915. En contrepartie il y a une augmentation de la part des Morts dans l’artillerie qui passe à près de 8% en 1917, contre moins de 2% en 1915, car cette arme est de plus en plus massivement utilisée dans les batailles. Cette augmentation se retrouve aussi au niveau des Morts des régiments du génie, mais dans une moindre ampleur : 2,6% en 1917 contre 1,9% en 1915. Plus significativement, on retiendra la recomposition des proportions au sein de l’infanterie : la part des Morts dans l’infanterie d’active recule alors que celles de l’infanterie de réserve et de l’infanterie territoriale augmentent. Avec le prolongement de la guerre, les classes les plus jeunes s’épuisent et on est obligé de mettre en première ligne des soldats plus âgés.

L’observation sur l’âge des soldats décédés et la nature des régiments se retrouve dans le détail des 28 régiments qui comptent plus de 10 Morts en 1917. Aux deux premiers rangs on trouve deux régiments de réserve de Haute-Vienne : le 338e RI de Magnac-Laval avec 46 Morts et le 278e RI de Limoges avec 38 Morts qui sont tombés principalement à Vauxaillon et à Laffaux lors de l’offensive Nivelle. On note également les pertes du 89e RIT de Limoges lors de combats à Sillery dans la Marne et à Verdun, et celles du 90e RIT de Magnac-Laval lors de combats au fort de la Pompelle. On remarquera que l’artillerie est présente dans ce classement avec les 14 Morts du 112e RAL. Les autres régiments de la liste sont essentiellement des régiments d’active dont les dépôts de situent en Limousin, dans le reste du sud-ouest ou dans des casernes à proximité du front.

► Pour consulter le détail des statistiques sur lesquels reposent les graphiques téléchargez le document Excel 1917 MPF HV

Petit atlas en ligne : 40 cartes sur la première guerre mondiale.

40 maps that explain World War I

by Zack Beauchamp, Timothy B. Lee and Matthew Yglesias on August 4, 2014

One hundred years ago today, on August 4, 1914, German troops began pouring over the border into Belgium, starting the first major battle of World War I. The Great War killed 10 million people, redrew the map of Europe, and marked the rise of the United States as a global power. Here are 40 maps that explain the conflict — why it started, how the Allies won, and why the world has never been the same.

 http://www.vox.com/a/world-war-i-maps

Map 5 The German and French war plans emphasized attacks

Site 40 maps 2000px-Schlieffen_Plan_fr.svg
German and French war planners both believed the war was going to be an offensive one. The German plan, conceived by strategist Alfred von Schlieffen, envisioned a rapid German march primarily through Belgium into French territory. The French strategy, Plan XVII, sent French troops directly across Franco-German border, as well as through Luxemburg and Belgium. This partially explains where the main battle lines were during the war, but according to some historians it means much more than that. A very contentious line of scholarship holds that World War I was caused by these plans, because every state believed that the key to victory was a quick offensive strike and that a war, under those terms, could be won quickly and comparatively cheaply.

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Un webdocumentaire en sept langues : dix historiens racontent 1914-1918

La Première Guerre mondiale  : “L’histoire d’un conflit international”

Le Monde.fr propose de découvrir un webdocumentaire conçu par The Guardian, traduit en sept langues, raconté par dix historiens du monde entier, à partir d’images d’archives inédites.

Le webdocumentaire est structuré en sept parties (les origines, les tranchées, les empires, les fronts, le massacre, la fin, les conséquences) qui durent chacunes quelques minutes.

http://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/visuel/2014/07/23/l-histoire-d-un-conflit-international_4461481_3448834.html

Les Limousins pendant la guerre de 1914-1918

Références de l’ouvrage

Les Limousins pendant la guerre de 1914-1918

Par Gabriel de Llobet. Professeur chargé du Service Éducatif des Archives Départementales de la Haute-Vienne. 2e édition CRDP 1988.

Les Limousisn CRDP 1988


Propositions d’éléments pédagogiques, d’une bibliographie et d’une sitographie pour redécouvrir l’ouvrage dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre.
Le document initial se compose d’une série de 24 diapositives assorties d’un livret imprimé de 32 pages qui apporte des informations sur chaque diapositive. L’intégralité du livret n’est pas reproduit, mais des résumés avec mise en avant de notions sont associés à chaque image.

 

Thèmes autour des images
□ Notions associées aux images
● Références bibliographiques et sitographiques

Liste des Thèmes

Thème 1. Le début de la Grande Guerre : la mobilisation générale d’août 1914
Thème 2. Les caractéristiques militaires du conflit
Thème 3. La mise en place d’une économie de guerre
Thème 4. Le financement de l’effort de guerre
Thème 5. Les effets économiques du conflit sur la population civile
Thème 6. Le contrôle de l’opinion publique
Thème 7. La guerre totale contre l’ennemi
Thème 8. L’enlisement du conflit et le mouvement révolutionnaire en 1917
Thème 9. La fin de la Grande Guerre : l’armistice de 1918
Thème 10. Le bilan humain de la Grande Guerre
Thème 11. La reconversion de l’économie de guerre
Thème 12. La responsabilité du conflit et le paiement des réparations

Les principales références

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14, des Armes et des Mots

Une série documentaire diffusée sur Arte

 

Le projet

 La Première Guerre mondiale, « catastrophe originelle du XXe siècle » comme la qualifient certains historiens, aura fait des millions de victimes et dévasté des régions entières pour plusieurs années. Elle aura été fatale aux vieilles monarchies et porte en elle le germe d’un conflit encore plus destructeur, celui de 39-45.

L’année 2014 est marquée par le centenaire du début des hostilités de la Grande Guerre. Pour commémorer cet événement, ARTE et l’ARD présentent une production TV en plusieurs volets ainsi qu’un webdocumentaire intitulés « 14, des armes et des mots ».

C’est à partir du 29 avril 2014 que cette programmation spéciale – à l’antenne et sur le Web – mettra en lumière ce conflit qui fut, à l’époque, le pire qu’ait connu l’humanité. La perspective adoptée – c’est une première – est à la fois multinationale et individuelle, brossant le portrait d’anonymes qui ont vécu cette guerre.

14-des-armes-et-des-mots

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