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Nous ne reviendrons pas dans ce dossier sur les prémices de cet art narratif, graphique et séquentiel dont nous pouvons retrouver les traces dès la préhistoire qui a vu naître l'art rupestre et pariétal ou encore à travers les représentations pictographiques de l'Égypte antique ou les fresques mésopotamiennes et minoennes.

En Europe

En solo ou en duo.

Dans la BD européenne, certains dessinateurs sont auteurs complets : ils écrivent eux-mêmes leurs scénarios, comme Hergé, Pratt ou ZP. D'autres mettent en images le texte d'un scénariste. Mais le dessinateur est toujours seul pour dessiner un album, ce qui lui demande en moyenne une année de travail. Alors qu'aux Etats-Unis et au Japon, il est entouré d'assistants qui se partagent les rôles : l'un s'occupe de l'encrage, un autre des décors, un troisième du lettrage…

Le culte du beau dessin.

Les amateurs de BD européenne attendent du dessin qu'il facilite la compréhension de l'histoire, mais aussi qu'il soit agréable à regarder. Pour de nombreux lecteurs, c'est même un critère essentiel au moment de choisir un album. Certains dessinateurs, comme Enki Bilal, possèdent un style immédiatement identifiable qui permet de reconnaître leur univers visuel d'un seul coup d'œil.

L'ellipse.

La BD franco-belge pratique l'ellipse. Toutes les scènes d'une action ne sont pas dessinées : sans même s'en rendre compte, le lecteur imagine les scènes de transition et son cerveau reconstitue ce qui se passe entre deux cases.

Le héros, double de son créateur.

Le héros de bande dessinée est le reflet de l'auteur, de sa personnalité et de sa vision du monde. A la différence de la BD américaine, le personnage qu'il a créé lui appartient et n'est pas repris par d'autres dessinateurs, à l'exception de quelques séries classiques comme Spirou, Lucky Luke ou Blake et Mortimer.

Une BD, c'est un livre !

Aux Etats-Unis et au Japon, les bandes dessinées sont publiées dans des fasciules souples et bon marché. En Europe, les albums de BD sont des livres à part entière. Il existe même un guide qui termine le prix des BD anciennes en fonction de leur rareté et de l'intérêt des collectionneurs. Des ventes aux enchères sont régulièrement organisées et proposent des planches originales ou des éditions rares. Un album très recherché peut coûter plusieurs milliers d'euros !

Source : Christophe Quillien, La bande dessinée, Gallimard Jeunesse, 2012, 96 pages.

En Asie

Qui a peur des mangas ?

La bande dessinée japonaise existe depuis le début du XXe siècle. En France, le succès des mangas est récent : pendant longtemps, ils ont fait peur aux parents et aux enseignants, qui les jugeaient violents et mal dessinés. Il a fallu attendre le début des années 1990, avec la traduction d'Akira et surtout de Dragon Ball, pour les voir s'imposer. Aujourd'hui, ils font partie du paysage de la bande dessinée, mais ils restent très différents de notre BD franco-belge.

A chacun son manga.

Au Japon, les mangas sont partout. Tout le monde en lit, enfants comme adultes, dans les magazines, dans les livres ou sur les téléphones portables. Ils sont classés par catégorie : pour garçon (shônen), pour jeunes filles (shôjo) et pour adultes (seinen). Il y en a pour tous les goûts/ Certains sont consacrés à une profession, d'autres parlent d'un sport, d'autres encore traitent de gastronomie ou de la vie au bureau.

Priorité à la lisibilité.

La BD japonaise utilise des codes graphiques comme les lignes de vitesse, les goutes de sueur qui montrent l'émotion du personnage ou les grands yeux qui expriment ses sentiments. Pour un auteur japonais, le plus important n'est pas la beauté du dessin. Celui-ci doit avant tout être lisible afin de permettre une bonne compréhension de l'histoire.

Des lecteurs sans pitié !

Les histoires sont d'abord publiées dans des magazines à grand tirage. Les lecteurs sont invités à les noter : si une nouvelle série ne plaît pas au public, elle cesse de paraître. Celles qui ont du succès sont alors éditées et font l'objet de nombreux tomes.

Une lecture spécifique.

Les mangas se lisent de droite à gauche et de haut en bas, dans le sens de lecture japonais. Même si les histoires comportent plusieurs centaines de pages, elles se lisent très vite car le récit décompose l'action scène par scène. L'œil du lecteur passe ainsi d'une case à l'autre sans avoir besoin de reconstituer mentalement l'action, comme il doit le faire avec une BD européenne.

Source : Christophe Quillien, La bande dessinée, Gallimard Jeunesse, 2012, 96 pages.

En Amérique du Nord

Un phénomène culturel.

La bande dessinée apparaît en Europe en 1833, mais c'est aux Etats-Unis qu'elle prend son essor. A la fin du XIXe siècle, de nombreux journaux américains publient des BD. La plupart racontent des histoires comiques, d'où leur surnom de comics. La croissance spectaculaire de quotidiens – on en compte plus de 2000 en 1900 – s'accompagne d'un développement de la bande dessinée. Elle devient un moyen d'expression populaire et s'installe dans la culture américaine, au même titre que le cinéma.

Héros made in USA.

Au début, l'influence européenne est encore présente, mais les auteurs américains prennent vite leur autonomie. Jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, la BD américaine connaît une période de créativité éblouissante. Les héros les plus populaires s'appellent Popeye, Tarzan, Dick Tracy, Flash Gordon, Mandrake ou Prince Vaillant. Des dessinateurs comme Milton Caniff, Alex Raymond et Hal Foster inspirent de nombreux auteurs européens.

Une industrie de la BD.

Une véritable industrie de la bande dessinée se met en place. Les journaux publient des BD tous les jours de la semaine et dans leurs suppléments du week-end. Pour répondre à la demande et produire dans les délais, les auteurs travaillent de manière collective dans des studios et s'entourent de plusieurs assistants. Mais les droits d'un héros n'appartiennent pas à son créateur : ils restent la propriété de l'éditeur. Celui-ci n'hésite pas à confier un même personnage à différents dessinateurs successifs afin de renouveler une série, pour le plus grand plaisir de plusieurs générations de lecteurs.

Le succès des comic books.

La BD américaine est publiée sous la forme de comic books. Ces fascicules souples, vendus dans les kiosques des journaux, sont consacrés à un personnage ou une série. Aujourd'hui encore, ils restent le principal support de diffusion de la bande dessinée aux Etats-Unis.

Source : Christophe Quillien, La bande dessinée, Gallimard Jeunesse, 2012, 96 pages.