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Entretien avec un libraire spécialisé

Frédéric Villefranque est gérant de la librairie Bédéciné à Toulouse.

[lire l'entretien]

Des pistes pour la constitution d'un fonds BD au CDI

Quelques conseils

Valoriser un fonds BD,

c'est hisser les albums au statut des autres documents, c'est considérer son contenu comme une réelle source d'informations pédagogiques. La BD comme un moyen de détente ? Oui bien sûr, mais la richesse et la diversité des approches éditoriales démontrent qu'aujourd'hui, beaucoup d'albums (récits intimistes, bd-reportage…) peuvent s'avérer de véritables ressources comme le sont les films par exemple. Nous sommes en première ligne pour aiguiller nos collègues, trop peu souvent au fait de cette réalité. Ainsi, si les albums sont considérés avec valeur, ils seront traités avec la même valeur que vous leur accordez.

Classer un fonds BD,

c'est lui donner une cote spécifique (ex : BD + 3 lettres du nom de l'auteur). C'est les équiper, et les ranger en fonction d'espaces stratégiques au CDI. On les dispose sur une étagère, dos apparent, comme des romans… « cela leur confère dans l'esprit des usagers, un statut à égalité à celle des autres livres » ainsi que l'expliquait D. Quella Guyot, il y a quelques années sur ce même site. On peut également comme dans certaines médiathèques, faire le choix de constituer un espace détente. Il est, à ce moment, judicieux d'investir dans des bacs avec intercalaires éventuels et procéder à un classement alphabétique ou par séries. Les albums apparaissent ainsi autrement accessibles, une proximité s'installe avec les élèves qui apprennent sans s'en rendre compte…

Acquérir

aussi bien des albums classiques que des romans graphiques. Il est bon aussi de faire la place aux mangas. Un conseil : privilégier des séries courtes (- de 10 vol.) et achevées (un site existe indiquant les séries japonaises achevées, http://www.manga-sanctuary.com/). Après, un coup de cœur reste un coup de cœur… On peut choisir en concertation avec des lecteurs passionnés ou les équipes pédagogiques et mutualiser ainsi les achats de certains albums recommandés (Persépolis, Aya de Yopougon, Maus,…), sans oublier d'acquérir ou de recommander quelques documentaires pédagogiques sur comment exploiter la bande dessinée en classe (voir bibliographie).

Privilégier

les Bandes dessinées que les élèves et leurs parents ne trouveront pas forcément en tête de gondole des grandes surfaces. Proposer aussi bien des titres d'auteurs phares dont les maisons d'éditions sont reconnues, aux lignes éditoriales avérées voire engagées (Actes Sud, L'Association, Casterman, Dargaud, Delcourt, Dupuis, Futuropolis, Glénat, Les Humanoïdes Associés etc…) que des valeurs montantes de petites maisons d'édition (Atrabile, Cambourakis, Rue de sèvres, Sarbacane…).

Prêter

ou pas les albums : exclure du prêt les BD permet de conserver l'intégrité du fonds un peu plus longtemps. Ceci dit, le CDI n'est pas à l'abri de la disparition de certains titres même équipé d'un portique de sécurité. Prêter permet de repérer et de fidéliser de nouveaux lecteurs. Chaque possibilité comporte des avantages et des inconvénients. A vous de choisir ! Autre voie, le prêt peut être de courte durée ou exceptionnel, pour un concours, pour une activité pédagogique spécifique….

A retenir

La constitution d'un fonds de BD se construit au fil des années. Il peut s'agir de quelques albums par an pour commencer (pour les petits budgets) en s'appuyant sur les conseils de librairies spécialisées, de médiathèques. Un partenariat (prêt interbibliothèques, visite d'une classe dans le cadre de projet) est toujours possible avec les médiathèques ou BDP… C'est une option bénéfique à tous en termes de fréquentation, de mutualisation et d'économie pour les petites structures. L'inscription aux différents concours autour de la lecture d'albums peut permettre au bout de quelques temps de se doter d'un fonds cohérent tant en terme de qualité que de quantité, et surtout de renforcer les liens avec les disciplines.