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Introduction

Dans le cadre de compétences partagées définies par les lois de décentralisation, la Région a la charge des investissements en bâtiments et en équipements. La conduite de cette politique d’investissement doit être conçue de telle sorte qu’elle satisfasse bien évidemment aux besoins d’aujourd’hui mais également qu’elle anticipe les besoins de demain. Si la réponse aux besoins d’aujourd’hui est relativement aisée (encore que les différences de vues entre pédagogues rappellent que la définition des exigences de la pédagogie n’est pas une science exacte), la préparation aux attentes de demain nécessite une vision prospective. Confrontée à cette nécessité à la fin des années 80, la Région s’est efforcée de dégager quelques lignes de force des réflexions conduites en matière d’éducation.

De ce point de vue, deux axes principaux paraissaient se dégager :

  • en premier lieu une évolution importante de la pédagogie se traduisant par moins d’heures de cours magistral, plus de travail personnel et plus de travail autonome ;
  • en second lieu la perspective de la généralisation de l’usage des "nouvelles" technologies de l’information et de la communication (audiovisuel, informatique, télématique, etc.).

La première évolution a conduit à définir des références régionales nouvelles pour le centre de documentation et d’information (CDI). Celles-ci rejoignaient l’évolution des missions du documentaliste-bibliothécaire que présentait la circulaire du 13 mars 1986 : assurer une initiation et une formation des élèves à la recherche documentaire, participer à l’activité pédagogique de l’établissement et à son ouverture sur le monde extérieur et intégrer les ressources multimédias.

La seconde a conduit à rechercher comment faire en sorte que les jeunes puissent se familiariser dès le lycée avec ces outils de communication appelés à se développer de manière fulgurante sans que le souci du coût à la charge de la famille ne vienne freiner les manifestations de ce besoin, mais sans oublier que ces instruments ne sont que des outils qui ne rendent que plus nécessaire la relation avec l’enseignant. Il s’agissait bien sûr de mettre à disposition des établissements une extraordinaire source documentaire. Mais avec cet instrument puissant, on pouvait espérer un appui non seulement au travail individuel et aux démarches traditionnelles mais aussi une aide au développement du travail coopératif, des capacités de travail en équipe, sans négliger la dimension créative. Concrètement, cette seconde orientation s’est traduite par trois séries d’actions complémentaires : fournir aux lycées des ordinateurs performants, câbler les établissements et les ouvrir sur Internet.

La mise en place d’un nouveau concept de centre de documentation et d’information (CDI)

Les fonctions assignées au CDI

Dans les références régionales, le nouveau CDI devait donc remplir une triple fonction :

  • être un centre de ressources pédagogiques et documentaires de toute nature (livres, revues, mais aussi banques de données, audiovisuel, etc.) pour la communauté éducative ;
  • être un lieu de travail et de recherche autonome et par petits groupes pour les élèves et les professeurs ;
  • être un lieu d’initiation aux techniques de recherche documentaire.

C’est pourquoi ces références proposent de positionner préférentiellement le CDI au cœur même de l’établissement.

Les composantes du CDI

Sur ces bases, un nouveau concept de CDI a été défini ; il n’a pratiquement pas été modifié depuis la fin des années 80 (à la seule exception de l’introduction plus récente d’un espace identifié information / orientation). Il se définit autour des locaux suivants :

 

Désignation des espaces du CDILycée 600Lycée 1200Lycée 1800
Salle de documentation / lecture150 m2220 m2275 m2
Espace documentaliste(s)15 m215 m215 m2
Espace multimédia
(Consultation CD-ROM / Internet)
20 m230 m240 m2
Dépôt / reprographie15 m220 m220 m2
Espace information / orientation20 m225 m230 m2
Bureau du Conseiller en
 information et orientation
15 m215 m215 m2
Salles de travail groupes 6/8 personnes3 x 15 m24 x 15 m25 x 15 m2
Salle de Techniques documentaires60 m260 m260 m2
TOTAL340 m2445 m2530 m2

Cet ensemble d’espaces vise à permettre à la fois : l’étude de documents papier (voire la "flânerie culturelle") et de documents multimédia, le travail en petits groupes et, dans la salle de techniques documentaires, l’approche par un groupe classe entier des techniques de recherche d’informations.

L’organisation de l’espace du CDI peut être schématisée comme suit :

Schéma de fonctionnement du CDI
Schéma de fonctionnement du CDI

Ce sont ces références régionales qui servent de base à l’élaboration des programmes de construction et de rénovation ; dans ce dernier cas, le programme est adapté pour tenir compte à la fois des contraintes du site et des attentes des équipes éducatives.

Dans le courant 1999, la Région a fait procéder à une évaluation de l’adéquation des réalisations effectuées dans dix lycées par rapport aux attentes des utilisateurs :

  • de façon générale, les locaux réalisés sur ces bases répondent bien aux attentes ;
  • en particulier, la position centrale du CDI s’avère importante puisque, lorsque les contraintes d’une rénovation ont obligé à créer un CDI dans une extension, celui-ci apparaît plus faiblement utilisé que les CDI implantés dans un espace central ;
  • pour ce qui est de l’organisation interne du CDI, la satisfaction est assez générale; on note simplement que l’existence d’une petite salle attenante supplémentaire, à usage non défini, laisserait une marge de manœuvre aux documentalistes et aux équipes pédagogiques qui pourraient l’utiliser à leur guise.

Un tel équipement trouve sa totale justification dans une plage d’ouverture large, dépassant les 30 h de service d’un documentaliste pour pouvoir accueillir les utilisateurs aussi bien dans les plages d’heures de cours que lors des interclasses, lors de la coupure du déjeuner ou à l’issue des cours. Dans certains établissements, l’élargissement des plages d’ouverture a été permise par le recrutement d’emplois-jeunes.

Mais le CDI ne doit pas pour autant être l’unique lieu d’accès aux nouvelles technologies. Pour aider au développement de leur utilisation dans les lycées, la politique de la Région Ile-de-France conjugue 3 autres axes d’action : fournir les lycées en ordinateurs performants, promouvoir la création de réseaux au sein des établissements, et permettre aux lycées de communiquer entre eux et d’accéder à Internet.

Un effort important d’équipement informatique

Un effort important pour l’équipement informatique des lycées franciliens

On peut estimer aujourd’hui le parc informatique des lycées à environ 60000 ordinateurs, soit en moyenne près de 130 ordinateurs par lycée, et donc un peu plus d’un ordinateur pour 7 élèves. Depuis 1998, le budget de la Région prévoit un effort exceptionnel d’équipement et de renouvellement du parc informatique; la ligne a été portée à 150 MF. Ceci a permis une forte modernisation du parc puisque la part d’ordinateurs obsolètes a décru en un an de 40 à 16 %.

Dans le même ordre d’idées, sensible à la demande des enseignants d’un outil commode permettant au professeur de faire apparaître, sur un téléviseur grand écran, aussi bien une cassette vidéo que l’image d’un écran d’ordinateur ou toute ressource disponible sur le réseau du lycée, le Conseil Régional a lancé un marché de meubles multimédia équipés mobiles.

Un partenariat entre la Région et les pédagogues considéré comme essentiel, fonctionnant très bien, et construit sur des bases claires

Avec l’augmentation des dotations, la demande des établissements en équipements informatiques conjugue le renouvellement des plus anciens appareils avec l’utilisation de matériels complémentaires comme le cédérom et autres périphériques, et la centralisation des logiciels et des données sur un ou plusieurs serveurs, auxquels les ordinateurs accèdent par un réseau câblé. La bonne gestion du parc informatique des lycées oblige donc aujourd’hui à étudier chaque demande, non plus en fonction du seul référentiel pédagogique de l’Education nationale, mais également en fonction des matériels existants dans le lycée, du projet pédagogique de l’établissement, de la capacité des enseignants à gérer un réseau et les matériels ou logiciels liés ainsi que de l’opportunité, de la cohérence et de la motivation de la demande.

On statue donc sur une demande de matériel en la situant dans le contexte de l’établissement. Pour obtenir un réseau informatique, l’établissement doit remplir un questionnaire dans lequel il fournit des informations générales sur son projet :

  • comment s’inscrit le projet à l’origine de la demande dans le projet pédagogique de l’établissement ?
  • quel est l’historique de l’informatisation de l’établissement ?
  • quels sont, le cas échéant, les réseaux existants dans l’établissement ?
  • quels sont les secteurs pédagogiques déjà équipés (et le nombre de postes existants) ?
  • quels sont les personnels responsables des équipements informatiques et quel est leur niveau de formation dans le domaine de l’informatique ?

Ainsi, apparaît le lien évident entre équipement et projet pédagogique; il conduit à concevoir une procédure d’instruction concertée associant les rectorats pour la validation pédagogique des demandes. Elle garantit, en outre, une bonne coordination entre les aspects matériels (travaux, achats d’équipements) et immatériels (formation des enseignants, soutien pédagogique).

L’optimisation des modalités de fourniture des ordinateurs

Le Conseil régional a toujours cherché à optimiser les conditions de fourniture des ordinateurs aux établissements. Il a opté à cet effet pour la formule d’achats groupés par marchés régionaux. Elle permet de récupérer la TVA (ce qui serait exclu dans une procédure de subvention directe aux établissements), mais aussi, grâce aux achats groupés, de bénéficier de prix avantageux. Le service comprend à la fois la livraison d’ordinateurs dotés des derniers perfectionnements techniques, puisque le marché prévoit une procédure d’amélioration des caractéristiques techniques à chaque commande nouvelle, et un service de qualité prévoyant la maintenance dans les lycées eux-mêmes à délai de 3 jours pour les ordinateurs et de 24 heures pour les réseaux.

La mise en place d’un câblage des lycées bénéficiant de travaux lourds

Dès 1989, la Région a lancé une politique de câblage des lycées neufs et des lycées rénovés, ayant un projet pédagogique. La mise en œuvre de ce pré-câblage a permis de fournir un support aux réseaux locaux informatiques qui s’installent dans la partie administrative et vie scolaire des établissements, d’offrir aux enseignements techniques les moyens de mise en œuvre d’une informatique moderne, d’utiliser des moyens pédagogiques multimédia en enseignement général ou spécialisé, et elle a facilité la communication dans les établissements, en particulier dans le secteur de la vie scolaire.

Les principes de câblage des lycées

En pratique, on a choisi d’équiper les bâtiments d’un câblage unique supportant la téléphonie, l’informatique et la transmission vidéo (production et distribution). Il n’y a donc, en dehors des réseaux sécurité, qu’un seul type de câble et une seule connectique dans l’établissement. Les câbles du type paires torsadées répondent à ces spécifications et ont donc été retenus pour ce pré-câblage.

Le câble est disposé selon une structure en étoile à partir d’un ou de plusieurs locaux techniques reliés entre eux par des faisceaux de câbles (rocades). Les rocades de liaison sont systématiquement dédoublées, pour ne pas transmettre dans le même câble signaux informatiques et signaux analogiques (vidéo, téléphone). En cas de grande distance ou de nombre de lignes très élevé, la liaison se fait par fibre optique. Pour être réellement efficace, ce pré-câblage est à la fois adaptable, c’est-à-dire facilement modifiable, qu’il s’agisse de l’usage d’un câble ou de la structure du réseau, et spécifique à chaque lycée, lié à sa structure pédagogique, en particulier pour l’enseignement industriel.

La généralisation du câblage à tous les lycées

Pendant la période 1991-1994, les premiers projets de câblage ont été totalement pris en charge en interne par la direction des affaires scolaires et de l’enseignement supérieur, au niveau du programme établi en liaison avec l’établissement, du cahier des charges techniques ou du suivi de réalisation. A partir de 1994, l’intervention d’un assistant technique assure l’obtention d’installations conformes aux souhaits de la Région et des lycées, en particulier sur le niveau d’équipement, l’architecture générale du système et surtout la garantie de bon fonctionnement.

On peut estimer qu’aujourd’hui environ 28 % des lycées sont câblés ou en cours de câblage (activés ou non). Mais seulement 11 % des travaux sont terminés et ont été réceptionnés par un assistant technique de la Région. Le câblage est systématique en cas de construction neuve ou de rénovation d’ensemble; l’objectif régional est désormais d’assurer le câblage de tous les lycées d’Ile de France. A long terme, pour des établissements qui n’élaboreront pas de projet pédagogique spécifique, un "câblage de base" sera défini par les partenaires et mis en place dans les lycées à l’occasion des interventions immobilières. Ainsi se mettent en place de nouvelles procédures et des moyens supplémentaires pour les études, les travaux et l’assistance aux utilisateurs.

Les communications entre lycées et l’accès à Internet

Une réponse aux besoins "d’ouverture" des lycées

L’évolution des techniques de communication a suscité un esprit "d’ouverture" dans les lycées, qui facilite les échanges administratifs ou pédagogiques. Concrètement, proviseur et enseignants veulent

pouvoir échanger des données à contenu administratif ou pédagogique avec leurs partenaires directs (rectorats, Conseil régional, etc.) ou leurs homologues dans d’autres établissements. Au plan pédagogique, les professeurs veulent pouvoir, sur ces réseaux, partager leurs ressources pédagogiques, créer des groupes de travail thématiques et enrichir leur relation avec l’encadrement pédagogique. Les élèves ont besoin de leur côté d’accéder plus aisément à la documentation, de constituer des groupes de travail inter-lycées ou d’entrer en communication avec des entreprises dans le cadre d’acquisitions à vocation professionnelle.

Principes de constitution des réseaux

Face au foisonnement de la demande comme de l’offre, on risquait de voir se multiplier des initiatives non coordonnées induites par des effets de superposition ou d’incompatibilité des réseaux. Par ailleurs, dans un souci d’équité, on ne pourrait se contenter de répondre aux demandes des seules équipes pédagogiques les plus dynamiques, et laisser nombre d’établissements et de lycéens en dehors de ce mouvement général, ce qui serait particulièrement préjudiciable pour les élèves les moins favorisés.

C’est pourquoi les rectorats et la Région ont défini en parfait accord et retenu pour base commune d’action quelques principes simples

  • généralisation de l’accès à la communication c’est le choix d’un principe de connexion systématique de tous les lycées et pas seulement des établissements demandeurs.
  • unicité du réseau commun qui servira à la fois pour les lycées et pour les collèges, pour l’administratif et pour le pédagogique, et pour l’éducation nationale comme pour les collectivités locales.
  • banalisation de la communication par l’utilisation de la technologie d’Internet avec accès par un poste banalisé.
  • garantie des débits et de la sécurité, grâce à la connexion des lycées avec leur rectorat dans un réseau intranet, de nature privée, et de la connexion des rectorats avec la Région par un réseau extranet, également privé.

Dispositif de mise en œuvre

La décision, prise en septembre 1997, d’assurer la connexion des 500 lycées d’Île-de-France à un réseau extranet - intranet permet de compléter le dispositif mis en place par la Région depuis la décentralisation. La Région et les trois académies ont défini l’architecture du projet qui est constitué, en résumé, d’un réseau extranet permettant l’interconnexion des différents réseaux intranet spécifiques à la Région, aux rectorats et aux lycées de chaque académie. Ce réseau extranet est lui-même interfacé avec Internet.

Depuis le 1er décembre 1998, cette architecture est opérationnelle, et elle a permis notamment d’organiser la collecte informatisée des demandes d’équipement des lycées pour 1999. Pour atteindre ce résultat, chaque EPLE a été équipé en 1998 d’un routeur Numéris, après expertise de son niveau d’équipement (raccordement d’un micro-ordinateur isolé, d’un ou de deux réseaux au sein de l’établissement). À l’heure actuelle, tous les EPLE ont bénéficié de l’installation d’un routeur au titre du réseau administratif. Un deuxième routeur par lycée, en cas de réseaux séparés administration/pédagogie, est en cours de mise en place.

Parallèlement, la Région a conclu avec la société France Télécom un marché destiné à interconnecter les rectorats et la région au réseau RENATER, afin de rendre opérationnel le projet "Extranet lycées", et d’assurer la connexion avec le réseau Internet. Pour soutenir les établissements dans la prise en charge de ces nouveaux outils, la Région rembourse aux lycées le forfait scolaire Internet sur la base de 6200 francs par an pour rembourser les communications locales, ce qui correspond, en moyenne, à 4 heures par jour de connexion sur l’ensemble de l’année scolaire. Pour ce qui concerne les lignes d’interconnexion relevant de la responsabilité de la Région, elle les fera évoluer pour les adapter aux trafics.

En guise de conclusion

Le séminaire international organisé en juin 1999 à Lisbonne par l’OCDE dans le cadre du Programme pour la construction et l’équipement de l’éducation (Programme PEB) sur le thème "Concevoir les établissements scolaires dans une société de communication: bibliothèques et centres de documentation" a permis de confirmer que les options prises par la Région Ile-de-France à la fin des années 80 répondaient bien aux besoins de développement de l’usage des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement.

Ce développement s’est même mis en place plus rapidement qu’on ne l’attendait. En cette matière, l’Etat et les collectivités locales ont fortement augmenté leurs efforts effort d’investissement en bâtiments et en équipements pour les collectivités locales, effort d’animation et de formation pour l’Etat.

Fait très important, les pédagogues s’impliquent très fortement aujourd’hui dans l’usage de ces instruments. On est loin du scepticisme ou du rejet que l’on observait par exemple face au plan "informatique pour tous".

Mais si les nouvelles technologies entrent massivement dans les lycées, on n’en a pas encore tiré toutes les conséquences. En Ile-de-France, chaque lycée dispose à présent de 130 ordinateurs en moyenne. Dans certains établissements, ce sont même déjà 400 ordinateurs qui fonctionnent en réseau. Dans de tels cas, on se trouve face à un parc comparable à celui d’une grosse PME. Surtout, l’usage d’un tel équipement n’a plus rien d’exceptionnel et devient quotidien. Corollairement, toute défaillance du système désorganise les enseignements. On ne peut plus alors se reposer sur l’implication personnelle d’enseignants passionnés et dévoués pour gérer de tels réseaux. Des administrateurs de réseaux sont indispensables; certains statuts dans l’éducation nationale permettraient de les recruter (ingénieur de recherche par exemple). Il faut souhaiter par conséquent que, au-delà des efforts très importants déjà engagés par le ministère pour créer des contenus, organiser l’animation pédagogique et assurer la formation des personnels, une prise de conscience de la complexité — et en conséquence de la fragilité — des réseaux qui se mettent en place dans les établissements conduise au déploiement de solutions adaptées.