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Je suis PLP Lettres-Histoire enseignant en lycée professionnel depuis 8 ans mais officiant au L.P. Frantz FANON depuis seulement 2 ans avec des classes de BEP et Bac Pro Génie Civil mais aussi avec des classes de Tertiaire. Le travail de collaboration avec le documentaliste s’est fait tout naturellement, et ce, dans tous les établissements dans lesquels j’ai pu travailler, dans l’optique commune de répondre aux besoins des élèves, de les initier à la recherche documentaire, d’en faire des lecteurs distanciés voire de créer, chez ces apprenants, un certain goût pour la lecture.

La documentation en L.P. est un outil et un lieu de travail nécessaire voire indispensable, notamment dans les disciplines que j’enseigne : les Lettres et l’Histoire-Géographie. Un peu comme ma collègue documentaliste, je dirais qu’il n’y a pas réellement de spécificité propre à l’enseignement en Génie Civil, sinon les projets, dont nous aurons le temps de reparler, d’autant qu’ils lient intrinsèquement mes disciplines à la documentation.

Pour une réelle fréquentation du CDI.

J’estime que, pour que le CDI devienne, en particulier aux yeux de nos élèves de LP, un lieu d’apprentissage et d’accès à l’information, l’on ne peut se passer de la fameuse visite du lieu, orchestrée par le professeur-documentaliste, dès les toutes premières semaines de la rentrée. En effet, et j’ai pu en faire l’expérience lors de ma première année d’enseignement, les élèves qui ne sont pas amenés, par les enseignants, à visiter le CDI, ne le fréquentent finalement pas du tout pendant l’année scolaire. L’on imputera cette regrettable situation au fait que, pour la plupart,  nos élèves n’affectionnent pas particulièrement la lecture et que, pour eux, au CDI, on ne peut que trouver des livres « poussiéreux » (dixit une de mes élèves de TTAG) très éloignés de  leurs préoccupations d’adolescents. Pourtant, cette découverte du C.D.I. et des ressources qu’il leur propose parvient souvent à faire changer leur a priori, notamment quand le documentaliste, après avoir fait son intervention indispensable sur le fonctionnement du CDI, le mode de rangement et classement des usuels et autres romans, axe son discours sur la documentation propre à leur champ professionnel et leur montre que les ressources numériques sont riches (y compris les e-book). En Technique d’Architecture et d’Habitat par exemple, les élèves, même les plus réticents découvrent alors qu’ils peuvent avoir accès à ce qui constitue leur passion (des revues sur le design d’intérieur par exemple).

Documentation et Histoire-Géographie

Pour ce qui est de l’enseignement de l’Histoire-Géographie, je pense qu’il ne peut se faire sans le concours de la documentation que l’on trouve au CDI : encyclopédie, accès au net… mais surtout sans l’aide de la documentaliste car les élèves de Génie Civil, comme les autres élèves de L.P. d’ailleurs, surtout pendant leur première année, sont peu autonomes. Ils ont besoin d’être accompagnés, soit par l’enseignant, quand celui-ci peut aménager des ateliers de travail et de recherches en groupe au CDI ; soit encore par le documentaliste quand les recherches sont individuelles. La recherche documentaire est souvent peu fructueuse quand les apprenants sont livrés à eux-mêmes car, pour eux, par exemple, tout ce qui est sur internet est fiable. Les conseils éclairés de l’adulte-référent sont donc indispensables afin qu’ils distinguent ce qui, pour eux, n’est que subtilité. A ce propos, je citerai une source internet intéressante pour les premiers pas de nos élèves sur internet, c’est le site Internet Sans Crainte en lien avec le site gouvernemental de la DUI (Délégation aux Usages de l’Internet). Ce dernier permet à l’enseignant de préparer ses ateliers de recherches de manière ludique puisque le site propose des épisodes de dessins animés avec des enfants « Vinz et Lou » qui sont confrontés aux mêmes situations que nos élèves : recherches pour nourrir un dossier, un exposé… Malgré leur tonalité humoristique, la vertu pédagogique de ces épisodes est importante : elle permet aux jeunes de comprendre qu’internet est une mine d’informations qu’il faut utiliser avec discernement.

Documentation et enseignement du Français

Je serai, si vous me le permettez, un peu plus précise en Français, puisque je vais vous décrire, dans le cadre des nouveaux programmes de Bac Professionnel en 3 ans, le déroulement d’une séquence portant sur l’objet d’étude obligatoire intitulé « La construction de l’information » et qui est réalisée en étroite relation avec le CDI. Cet objet d’étude invite l’enseignant de Français à travailler, entre autre, sur des supports de l’information comme la presse quotidienne, papier et numérique. La séquence permet donc en général de palier une carence grave chez nos élèves : en effet, ceux-ci s’intéressent peu ou prou à l’actualité, même radiophonique ou télévisée et ne lisent, pour ainsi dire, jamais la presse, même régionale. C’est donc l’occasion de les intéresser à l’actualité, de faire d’eux des acteurs actifs et surtout critiques.
L’ouverture de la séquence se fait donc toujours au CDI, dans un atelier de « feuilletage » de tous ces quotidiens les plus lus et pourtant les plus inconnus de nos apprenants. Plutôt que de guider leur lecture, ils sont simplement invités à se familiariser avec ce nouvel outil, à le manipuler, à en lire les articles les plus intéressants pour eux, à comparer les quotidiens papiers entre eux… Pendant cet atelier, on s’étonne parfois de voir des élèves, à la base réticents, plongés dans la lecture d’articles. Qu’ils les sélectionnent dans la rubrique Politique ou Sport importe peu, l’essentiel est qu’ils prennent un premier ou un nouveau contact avec ces journaux, qu’ils réalisent qu’ils ne sont pas destinés qu’aux « intello » (pour reprendre leurs termes) et qu’ils peuvent leur apporter quelque chose d’un point de vue professionnel ou simplement personnel.
Cette première étape passée, les apprenants sont confrontés à l’analyse de unes numériques afin de pallier l’aversion que certains ont pour la « chose papier ». Ces unes sont soigneusement choisies pour les faire réagir, éveiller leur curiosité et leur esprit critique, car, après tout, cette séquence doit les amener à se demander si les medias disent la vérité… Pour exemple, j’ai eu l’occasion de travailler sur la comparaison d’unes numériques du 4 février 2008 traitant chacune à leur manière de l’union du Président de la République Française avec l’ex top-modèle Carla Bruni. Celle du Figaro n’offre qu’une photo en extérieur des jeunes mariés et la titre « Première sortie du couple » ; celle de Libération offre une caricature assez piquante du couple sortant d’Eurodisney et la titrant « Le divorce ». Forcément, la deuxième intéresse davantage les élèves, et j’avouerai que c’est le but de la séance que de leur montrer qu’un gros titre est fait pour accrocher le lecteur et que l’information peut être traitée de manière différente dans les périodiques.
La séquence se poursuit sur l’étude de la titraille, des différents types d’articles, sur la production d’articles mais, en parallèle, des ateliers de travail ont lieu, en groupes restreints, au CDI, avec la documentaliste qui guide les élèves dans la réalisation de revues de presse hebdomadaires à partir des quotidiens papiers et en ligne (comme Libération avec l’opération « La presse, ça nous libère » dans mon établissement) et de dossiers de presse sur un sujet qui les intéresserait particulièrement dans l’actualité ou que l’enseignant aura jugé utile d’approfondir dans la mesure où il serait en lien avec le programme (ex : Mur de Berlin pour les classes de 2nde BEP en voie de disparition). Le but étant, à terme, de présenter le fruit de son travail à la classe à la manière d’un journaliste de télévision.
Pour cet objet d’étude, en particulier, la collaboration avec le documentaliste est primordiale. Le travail en classe permet d’analyser la technique de construction de l’information ; tandis que celui réalisé au CDI doit permettre d’éveiller la curiosité des élèves voire de leur donner goût à la lecture de journaux papiers ou numérique…

Documentation et projets pédagogiques

Ces pratiques d’enseignement qui « collent » aux programmes peuvent être réalisées en parallèle avec ce que j’appellerais une pédagogie du projet. Celle-ci prendrait forme pendant les heures d’accompagnement personnalisé qui doivent répondre aux besoins spécifiques des élèves. Or, nous avons remarqué que beaucoup d’élèves de Génie Civil, notamment d’architecture, ont pour ambition de poursuivre leur cursus en BTS ou d’intégrer de grandes écoles. C’est dans cette optique que nous avons élaboré un projet ludique puisque nous avons fait le constat que la meilleure manière d’intéresser les élèves à nos enseignements est de leur donner l’impression de ne pas travailler et/ou encore de les motiver en créant une sorte d’émulation (d’où, à terme l’idée d’un concours général à plusieurs catégories). Mais outre le fait que ce projet leur paraisse ludique, il serait d’autant plus sérieux qu’il permettrait aux élèves de se perfectionner dans plusieurs domaines :

  • d’abord dans la maîtrise de leur oral et dans leur propre présentation afin de se valoriser (cela faciliterait dans un premier temps la période de recherche de lieux de stage, et dans un second temps, leur permettrait d’avoir plus d’assurance dans leur future vie active)
  • ensuite dans la maîtrise de connaissances dans les disciplines dont ils auront le plus besoin pour la préparation d’éventuels concours et/ou simplement pour leur future activité professionnelle

Ce projet à caractère pluridisciplinaire aurait pour but de faire acquérir des connaissances  liées au domaine professionnel des élèves mais aussi d’asseoir une solide culture générale (sur le patrimoine européen et/ou caribéen) nécessaire à la poursuite du cursus des apprenants. Ce projet ferait œuvrer de concert les enseignants d’Arts appliqués qui travailleraient les techniques de dessin, les enseignants d’Histoire qui feraient le lien entre les techniques enseignées et l’Histoire des arts, les enseignants de Disciplines Professionnelles qui diversifieraient leurs pratiques (Autocad…), et le professeur documentaliste qui accompagnerait les élèves dans la constitution de banques de données et d’images en lien avec les thèmes et courants étudiés dans les autres disciplines.