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L'avis des bibliothécaires

par Catherine OLRY,
[mars 2011]

Mots clés : écrivain , médiation culturelle ,

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La bibliothèque de la ville de Colmar organise chaque année et, ce depuis 21 ans, un salon du livre. Pour les établissements scolaires, ce salon représente une occasion d’accueillir un auteur en classe. La bibliothèque a un rôle de plateforme, de mise en relation des auteurs avec les établissements scolaires. Elle remplit 3 missions: inviter les auteurs et les illustrateurs; gérer les modalités de rémunération; organiser la venue des auteurs du point de vue logistique.

Au niveau financier, elle a le statut de diffuseur. L'établissement ne paye qu'un forfait de 95€, tandis que la bibliothèque se charge de faire les déclarations auprès de l'AGESSA. La bibliothèque remplit le bordereau spécifique des revenus accessoires des auteurs. Ce document mentionne les différents taux de déclaration auprès des caisses. La bibliothèque de la ville de Colmar appartient à la fédération des salons et fêtes du livre jeunesse, elle s'engage à se baser sur la charte existante  pour fixer la rémunération de l'auteur. La bibliothèque s'occupe également du bordereau dit « spécifique » qui reprend toutes les actions de l'auteur sur l'année; elle déclare enfin ces rémunérations aux impôts. La rémunération de l'auteur dépend des actions prévues dans l'établissement: animation, atelier d'écriture, colloque ou débat, présentation des œuvres. Il est convenu que l'auteur intervienne dans le cadre de la mise en valeur intellectuelle de son œuvre. Lorsque l'auteur a un numéro Siret, il envoie directement une note d'honoraire et n'a pas besoin de passer par l'organisme de l'AGESSA.

En termes d'organisation, 3 personnes travaillent pour le salon du livre à la bibliothèque. Une personne en temps plein se charge du secteur jeunesse, de la programmation des spectacles, des invitations des auteurs-illustrateurs, des relations avec les maisons d'édition, de la rémunération des auteur, de l'organisation des rencontres et des ateliers ; une personne à 80% est chargée de la communication et de la promotion (programme, site Internet, mécénat, affiches..) ; une autre à 80% également gère les budgets, recherche de subventions, les évènements adultes, les actions scolaires pour le second degré, les parcours scolaires pour le premier degré, les appel d'offres ; enfin une personne à mi-temps réfléchit au plan du parc expo en fonction des demandes d'inscription.
Au niveau du calendrier et des tâches, la bibliothèque définit tout d'abord le thème du salon. Dans cette optique, elle travaille avec deux groupes, un groupe de travail jeunesse (composé de partenaires scolaires du premier et second degré), et un groupe de travail libraire (Le Liseron, la bouquinette, la fnac, forum-chapitre, Hartmann, usage du monde de Strasbourg et Baka Neko).
Puis, de février à mai, elle commence à inviter les auteurs. Les bibliothécaires réalisent une veille pour dénicher les nouvelles maisons d'édition et les petites maisons. Elles se rendent également au salon du livre de Paris pour entrer en contact avec les éditeurs. Elles apprécient particulièrement les conseils de leurs collègues du salon du livre de Saint Priest, spécialisé dans la petite édition et la jeune illustration. Ces derniers réalisent une veille au niveau européen. Enfin, elles ont également un carnet d'adresse des éditeurs. Les libraires peuvent aussi leur faire part de leurs souhaits. De mai à juin, les invitations sont confirmées, pour le secteur jeunesse. La rentrée littéraire du mois de septembre révèle parfois certains auteurs qui peuvent se rajouter. En 2010, 120 auteurs sont venus dont 35 en jeunesse. Quand les éditeurs sont invités, ils prennent contact avec leurs auteurs. Les auteurs donnent leur avis sur les rencontres scolaires. Les éditeurs envoient ensuite leurs bibliographies, leurs nouveautés. En mai, les bibliothécaires donnent rendez-vous aux documentalistes pour leur présenter les auteurs participants. En septembre la répartition dans les établissements est consolidée. Ainsi, en 2010, 78 rencontres ont eu lieu, 90 classes en ont bénéficié à partir des propositions de 32 auteurs et illustrateurs, dans 6 écoles maternelles, 10 écoles élémentaires, 11 collèges et 5 lycées du département Haut-Rhin.
Les professeurs documentalistes représentent un partenariat essentiel. C'est un partenaire historique qui est pérenne. Les actions scolaires dans le second degré ont démarré grâce au travail des professeurs documentalistes. Le groupe de secteur de Colmar s'est fortement investi dans les actions autour du salon. De multiples activités sont proposées aux élèves : concours d'écriture, rallye, concours d'arts plastiques autour du thème. La force du groupe réside dans la fédération à un même projet. Mme le Recteur, anciennement Claire Lovisi, fut très surprise du stand que tiennent les documentalistes au salon car il reflète toutes leurs activités. Il est décoré avec les productions artistiques des élèves émanant du concours, et les documentalistes sont présentes plus de 20h le weekend end.

L'évaluation de l'impact de ces rencontres n'est pas réalisée. Les bibliothécaires travaillent à la mise en place d'indicateurs. Il n'y a d'ailleurs pas de travail universitaire réalisé dans ce sens. On ne connait pas la répercussion  de l'auteur sur le jeune, ni du jeune sur l'auteur. En revanche, il a été démontré qu'un élève du premier degré suivra toute sa vie l'actualité de l'auteur qu'il a rencontré, même s'il le perd de vue pendant l'adolescence. Abd Al Malik a témoigné du rôle des bibliothèques, qui ont changé sa vie. Daniel Picouly a une démarche dont l'objectif est de débloquer les élèves face à l'écriture. Il montre aux élèves ses manuscrits avec ses fautes et les coquilles. Il veut démontrer que l'écriture est au niveau de tout le monde, à condition de travailler. Il parle de son travail de relecture, de recherche dans le dictionnaire pour trouver le bon mot. Il cherche à prouver aux élèves que l'écriture n'est pas une science infuse, mais la résultante d'un travail.