IV. Réflexions sur l'évaluation

par Monique Alba,
CRDP de l'académie d'Aix-Marseille [2009]

Mots clés : incitation à la lecture , évaluation

  • Google+
  • Imprimer

Dans cette partie ne sont proposées que des pistes de réflexion données à titre d'exemple.

A) Pourquoi évaluer ?

En s'inscrivant comme médiateur dans un projet lecture, le professeur documentaliste peut vouloir analyser son dispositif pour en mesurer l'efficacité sur les compétences des élèves et l'améliorer à l'avenir sachant qu'un dispositif pédagogique est toujours perfectible.

Le professeur documentaliste peut vouloir mesurer chez les élèves les différents degrés de maîtrise des compétences sur un projet centré sur l'évolution du lecteur en proposant sur la durée, des activités de systématisation, réactivation, renforcement, réinvestissement.

Nous rappelons ici les compétences visées pour amener le lecteur au plaisir de lire, lui faire connaître les joies de l'identification, celle de l'empathie, de l'égarement, du jeu du narrateur avec son lecteur, du plaisir esthétique du texte et la réflexion critique sur la visée du texte :

  • capacité de construire des hypothèses de lecture pertinentes et cohérentes englobant un maximum d'éléments du texte ;
  • capacité de lire un texte à des niveaux différents ;
  • maîtrise des référents culturels (codes communs, stéréotypes propres aux différents genres littéraires, etc.) et des modes d'énonciation ;
  • capacité d'établir des relations aux autres textes (rapprochement, opposition...).

B) Pourquoi choisir une évaluation formative plutôt que normative ou certificative ?

Il est difficile d'envisager une évaluation normative ou certificative dans un contexte d'actions souvent ponctuelles au CDI.
Elle ne pourrait se faire que dans un contexte d'actions répétées, d'un suivi ou d'une multitude d'activités intégrées à un projet lecture centré à long terme sur  les  mêmes élèves et sur leur évolution dans le domaine de la lecture littéraire. Cela pourrait donner lieu à un portefeuille de compétences.

Malgré tout, nous pensons que la validation d'une compétence, dans sa globalité, en matière de lecture, n'est pas définitive et paraît hasardeuse. En effet, il semble difficile d'évaluer la capacité de l'action, même longue et répétée, à générer des effets attendus à long terme, même si à court terme, le dispositif est apparu efficace.
Il n'existe pas qu'un seul modèle de compréhension. L'apprentissage de la lecture dépend, entres autres, beaucoup de la maturité de l'élève.

Enrôlés dans la formation des lecteurs, les professeurs documentalistes mènent des projets qui sollicitent des échanges et une recherche collective de la compréhension et du sens de l'histoire sans oublier la logique culturelle.
Un grand nombre de leurs actions offrent des conditions favorables aux élèves pour développer, en complémentarité avec les autres disciplines,  les compétences essentielles de lecteurs experts en devenir.
Une évaluation certificative ou normative implique qu'il y ait eu en amont des actions d'enseignement. Or, dans une perspective d'accompagnement qui amène l'élève à prendre une distance par rapport à ce qu'il a lu, l'évaluation se fera plus en termes d'observation des comportements.

D’autres arguments en faveur d'une évaluation normative ou formatrice peuvent être envisagés. Le débat reste ouvert...

C) Quel est le périmètre d'évaluation ?

Pour évaluer des actions en faveur de la lecture, il faut prévoir en amont du dispositif des situations témoins qui permettent d'évaluer s'il a été fertile ou non par rapport à l'appropriation d'une œuvre.

  • Les outils facilitateurs (à recenser) ont-ils aidé les élèves dans leur lecture et ont-ils favorisé les échanges ?
  • Les élèves ont-ils réinvesti leurs connaissances dans la ou les productions finales ?
  • Les traces écrites ou orales ont-elles révélé une évolution dans la compréhension tout au long des différentes étapes ?
  • Les tâches proposées pour trouver des correspondances avec d'autres textes, ont-elles été réussies avec succès ?
  • Etc.

D) Comment évaluer ?

Concernant de possibles indicateurs, le choix est grand. Nous proposons plusieurs exemples d'outils d'évaluation à titre indicatif.

Dans le cas d'un club lecture 

Dispositif complètement décloisonné des autres disciplines mais participant en parallèle de l’enseignement du français à la formation du lecteur.

L'outil utilisé par un professeur documentaliste d'un collège de l'académie, permet d'évaluer un club lecture qui fonctionne sur un dispositif à long terme. Il est axé sur la dynamique d'un groupe d'élèves.

  • Assiduité, enthousiasme et qualité des échanges dans le groupe (observation)
  • Aptitude à argumenter et à donner son avis personnel (observation)
  • Attitude face à la nouveauté : curiosité, désir d'aller vers ce qu'on connaît peu (nombre de lectures, nombre de propositions de titres à faire découvrir à ses pairs.)
  • Réinvestissement à l'extérieur du club : dans la classe... (plus difficile à évaluer)

Dans le cas d'une participation à un prix littéraire

Dispositif qui peut être complètement décloisonné de l'enseignement du français comme un comité de lecture, ou au contraire, mené en collaboration du professeur de lettres qui a inscrit sa classe à ce prix.

Ce second outil est le tableau d'évaluation du Prix du Livre Jeunesse de Marseille donné dans le cahier des charges du projet. (Document outil en annexe : Evaluation de l’action Prix du Livre Jeunesse de Marseille IA 13)

Des démarches d'évaluation intégrées à l'apprentissage

Les outils tentent de cibler au plus près le processus de compréhension et d'interprétation de l'élève dans des situations d'échanges ou à partir d'exploitations écrites. (Documents outils en annexe : « Petit inventaire des tâches évaluables » Dufays, Jean-Louis)

Ces outils proposés sont davantage destinés à des projets centrés sur l'évolution du lecteur.
Les indicateurs mesurent par étapes et de façon plus fine, le degré de maîtrise des différentes compétences et pourraient faire l'objet d'un portefeuille.
Nous retiendrons sept observations  fondamentales qui concernent les compétences à mettre en œuvre pour bien lire.
Le professeur peut observer si l'élève :

  • arrive à se repérer dans le texte (personnages, leurs relations, leurs motivations, les éléments de l’intrigue) ;
  • s’il fait des va-et-vient pour chercher des indices à la compréhension ;
  • s’il participe au débat avec ses pairs ;
  • s’il tente une interprétation du texte ;
  • s’il argumente pour justifier ses propositions ;
  • s’il exprime ses émotions ;
  • s'il fait référence à des connaissances culturelles.

Trois autres démarches d’évaluation