Regards croisés sur « Le livre le plus génial que j’ai jamais lu »

image-le-livre-le-plus-génialCritique de Véronique Lecoat

Loin des stéréotypes, une héroïne délurée, fille-pirate haute en couleurs, alterne, au fil des pages, avec un petit bonhomme tout aussi drôle, mais grincheux, isolé dans  son univers parallèle monochrome. Ce personnage grognon, figure du lecteur, se permet de donner son avis sur l’histoire. Il s’autorise, avec tout autant d’effronterie, à remettre en question le travail de l’auteur, qui, finalement, aura le dernier mot ! Christian Voltz pioche une fois de plus dans son univers de bric et de broc, sur le mode de l’art brut, pour bâtir un décor avec ses objets de récupération, donner vie à son personnage de pirate au féminin … Mais pas seulement : il dévoile son trait de crayon, sa main de dessinateur, mais aussi son rôle de chef d’orchestre dans la rencontre improbable entre ses deux personnages. Aussi espiègle qu’eux, il joue avec les matériaux, avec les mots, les graphies, la mise en page, pour le plus grand bonheur des enfants à partir de 6 ans.

Une histoire dans laquelle Christian Voltz, malicieux, insère une autre tout aussi drôle, pour un ensemble décalé, surprenant, et jubilatoire. Un livre « à tiroirs » donc, à la lecture duquel on peut en effet s’écrier ceci : c’est « le livre le plus génial que j’ai jamais lu » !

.Critique de Fanfan la Tulipe

La petite fille pirate a de belles nattes. La petite fille pirate aime le saucisson. La petite fille pirate se brosse les dents. Pour devenir aventure littéraire, on attend un élément perturbateur, pourquoi pas un autre  personnage : colérique ? Oui ! Impertinent ? Assurément. La petite pirate a fort à faire avec ce protagoniste auquel l’auteur donne sa chance. Le personnage “grogrognon” retrouve le sourire et s’étoffe d’un vrai nez, d’un vrai chapeau. Il accède à l’existence dans  Le livre le plus génial que j’ai jamais lu.

À nous d’inventer des “aventures qui n’appartiennent qu’à eux”. Avec de l’imagination et un peu de fil de fer, nous poursuivrons le récit en utilisant les techniques artisanales et créatives de l’Art brut. L’éphémère se fait création ouverte avec Christian Voltz en 2008. L’auteur a été édité dans la collection “Off” des éditions Pastel. Du kraft de la couverture aux objets glanés et photographiés, tout y est curieux. Cependant, d’autres titres manient l’existence fragile d’êtres de papier et font écho à cette aventure, comme Mon petit roi de Serge Bloch, qui est l’histoire d’un personnage sortant de la main du créateur.

Master littérature de jeunesse ESPE de Versailles