La Belle Adèle

belle adèleAdèle ne rime-t-il pas avec Belle ? Là est toute l’ambiguïté du roman où se côtoient deux mondes, celui des adultes et celui des adolescents. Adèle est un garçon manqué. Son ami Frédéric est un intellectuel. Tous deux ne supportent plus de se sentir en marge des autres collégiens tout en ne sachant comment s’intégrer dans ce monde où « la différence est un défaut, l’originalité une tare ». Pour ses quatorze ans, Adèle est traînée dans un magasin par sa tante passionnée de mode, qui jubile à l’idée d’en faire une femme en l’initiant à l’art du maquillage. De leur côté, Adèle et Frédéric résolvent leur problème d’intégration en convenant de se faire passer pour un couple. Par le biais de ces métamorphoses, ils vont finir par passer pour « communs » aux yeux de leurs camarades et « extraordinaires » à ceux de leurs aînés : la tante d’Adèle tout d’abord mais aussi sa mère et l’ami de cette dernière, photographe, qui se fera un plaisir de les placer comme égérie pour une campagne publicitaire sur les jeunes et la contraception.

L’humour du livre naît du retournement des rôles où les adultes se comportent comme des adolescents et inversement. Marie Desplechin ne porte pas de jugement sur les uns ou les autres mais en laisse l’initiative à ses lecteurs. Elle aborde le processus de construction de l’adolescent avec un entourage adulte qui n’est pas parfait. La Belle Adèle, tout comme son deuxième opus Le Bon Antoine, édités chez Gallimard Jeunesse, nous font partager les questionnements de ces adolescents en mal d’être. Comme dans plusieurs de ses livres, Verte, Pome, Mauve ou encore le Journal d’Aurore, Marie Desplechin adopte toujours bien le rôle de porte-parole des plus jeunes comme des plus âgés. De bons moments de lecture en perspective.

Nathalie Harrewyn

Master littérature de jeunesse ESPE de Versailles